Trois esquisses de paysages, vers 1858-1860
Projets pour les lucarnes de la salle Labrouste de la BNF
Huile sur papier marouflé sur toile
65 x 100 cm chacune
La salle de lecture construite par l’architecte Henri Labrouste pour la Bibliothèque Nationale rue de Richelieu, et qui porte aujourd’hui son nom, est un parfait exemple de l’architecture métallique du XIXe siècle. Neuf coupoles ajourées, soutenues par seize fines colonnes, couvrent un espace de plus 1150m². L’ensemble, qui prend les atours d’une basilique byzantine, paraît perdu dans les bois, loin des tumultes de la ville moderne. Pour obtenir cet effet, Labrouste fit appel au peintre paysagiste Alexandre Desgoffe, à qui il confia les décors de la partie supérieure des six arcs latéraux.
Né en 1805 à Paris, le peintre fut tour à tour l’élève d’Étienne-Louis Watelet, puis de Charles Rémond avant d’entrer dans l’atelier d’Ingres. Il y rencontre les deux frères Flandrin, avec lesquels il se lie d’une profonde amitié. Paul, le plus jeune, qui se consacre également au paysage, épouse la fille d’Alexandre, Aline, transformant cette amitié en liens familiaux. Desgoffe, qui venait de finir à la demande de Labrouste les décors de la bibliothèque Sainte-Geneviève, intervient donc une nouvelle fois sur le chantier de l’architecte. L’artiste a conçu les six espaces qui lui étaient alloués dans la salle de lecture comme des lucarnes ouvertes en trompe-l’œil vers l’extérieur. Six peintures qui se font face une à une, trois de chaque côté de la salle. Seule la cime des arbres est visible sur fond de ciel. Les trois arcs cintrés sur le mur ouest, celui du couchant, montrent un ciel bleu clair, presque laiteux ; les trois suivants dirigés à l’est, vers le levant, se détachent au contraire sur un bleu intense.
Les trois huiles sur papier que nous présentons ici proviennent de l’atelier de l’artiste. Les deux premières sont préparatoires pour le mur est, la troisième pour le mur ouest de la salle Labrouste. La réhabilitation et la rénovation de l’ancienne Bibliothèque Nationale, permettront au public de redécouvrir les six lucarnes de Desgoffe dans leur état d’origine. Comme nos trois esquisses, elles viennent de faire l’objet d’une restauration lente et minutieuse.