Théodore GUDIN (1802-1880)

Le Château de Buron, 1829
Huile sur toile
26,2 x 38,4 cm
Signé, daté, titré et dédicacé sur le châssis a son ami Mo… – T. Gudin Vue du chateau de Buron (Allier) Esquisse de Théodore Gudin 1829

Vendu

Le château de Buron, dont il ne subsiste que des ruines, fut édifié au XIIIe siècle sur un puy situé entre Clermont-Ferrand et Issoire. Détruit par un incendie au XVIIIe siècle, son histoire est liée à celle, légendaire, du dernier maître des lieux, Robert, sire de Buron. Seigneur impitoyable, surnommé «Le Garou », Robert attaqua un soir le monastère du village, massacrant tous les moines et pillant leurs richesses. La nuit même, alors qu’il célébrait ses outrages par une orgie sacrilège, un violent orage éclata, poussant le sire de Buron et ses soudards à prendre la fuite et réduisant le château en cendres. La forteresse ne fut jamais redressée et «le garou » selon la légende disparut à jamais. Le baron Taylor, Charles Nodier et Alphonse de Cailleux dirigent depuis 1820 la publication des Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France et sollicitent de nombreux artistes pour l’illustration de l’ouvrage. Entre 1829 et 1833, après la Normandie et la Franche-Comté les trois hommes travaillent sur deux nouveaux volumes consacrés à l’Auvergne. Ils font alors appel à Théodore Gudin qui s’est fait connaître depuis le Salon de 1822 en exposant des marines et des scènes de naufrages aux effets spectaculaires. Le peintre, probablement informé de la légende, choisit de représenter le site de Buron sous un ciel noir d’orage. Tracées à larges coups de pinceau sur la toile, les collines du premier plan encadrent et supportent la forteresse en ruine qui se dégage sur un fond bleu pétrole. Peinte à l’huile en 1829, l’œuvre est marquée par l’influence des paysagistes anglais tels que John Martin et William Turner. Si Théodore Gudin réalisa très peu de paysages terrestres, il trouve ici un sujet propre à exprimer le caractère terrifiant d’une nature qui, depuis la mort de son frère noyé dans la Seine, le terrorise jusqu’à la fascination. Lithographiée en 1831 par Engelmann, la Vue du château de Buron sera reproduite deux ans plus tard dans le second tome des Voyages pittoresques consacré à l’Auvergne. La gravure telle que publiée intègre au premier plan une figure de berger absente de la peinture préparatoire. Dans le chapitre consacré à la région d’Issoire, les auteurs décrivent le site de Buron en évoquant quelques détails de son histoire, mais insistent sur son caractère lugubre propre à évoquer « un épisode anticipé de la dernière catastrophe du monde ».

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