Carrière dans la forêt de Fontainebleau, 1828
Huile sur toile
44 x 54 cm
Signé et daté en bas à droite J. Coignet 1828
Acquisition du Nationalmuseum de Stockholm
Au début des années 1820, toute une génération de jeunes artistes de retour d’Italie se retrouve dans la forêt de Fontainebleau pour peindre sur le motif. Quelques peintres s’y rendaient déjà depuis la fin du XVIIIe siècle, tels Lazare Bruandet et Jacques-François Swebach. Plus tard, sur les conseils de Pierre-Henri de Valenciennes puis de Jean-Victor Bertin, deux maîtres du paysage classique, les peintres en formation viennent dans ces bois étudier la nature et les arbres. Jules Coignet découvre Fontainebleau en 1819, suivi par Théodore Caruelle d’Aligny, Augustin Enfantin et Jean-Baptiste Corot. Tous cherchent dans cette nature proche de la capitale d’abord un avant-goût puis un contrepoint sauvage à la beauté orthodoxe des paysages de la campagne romaine. Coignet, qui fut l’élève de Bertin, avait déjà effectué un premier séjour italien entre 1820 et 1822. Au retour de son second voyage le peintre revient rapidement dans la forêt de Fontainebleau pour travailler. Cette fois, il ne choisit pas de s’installer dans le recoin ombragé d’un sous-bois, mais au cœur d’une carrière où le minéral domine sur le végétal. Aux abords de la forêt, de nombreuses sablières sont exploitées depuis le XIIe siècle et permettent l’aménagement des chaussées et des routes qui entourent Paris. Coignet, comme Georges Michel avant lui, semble fasciné par l’aspect presque désertique de cette étendue ocrée. Un sapin, accroché au sommet d’une butte, domine un minuscule personnage sur la gauche. Debout, près d’une charrette tirée par un âne, le carrier tracé en quelques touches de bleu et de blanc ramasse des pierres sur le sol. Cette figure isolée et noyée dans son environnement symbolise, au-delà du prétexte, la petitesse de l’homme face à l’immensité de la nature. Au-dessus de l’horizon marqué par des collines verdoyantes, un ciel chargé menace et annonce l’orage qui s’approche. Comme de nombreux artistes de son époque, Jules Coignet subit l’influence des paysagistes anglais tels que Constable et Bonington dont les œuvres sont exposées à Paris au Salon de 1824. Aujourd’hui, le peintre apparaît comme l’un des précurseurs de l’école de Barbizon. Ce mouvement, qui tient son nom d’un village proche de la forêt de Fontainebleau, intègre de nombreux artistes venus s’installer dans cette région au début des années 1840 pour révolutionner l’art de peindre la nature.