Romain de TIRTOFF, dit ERTÉ (1892-1990)

Les Fantômes, vers 1950
Gouache et mine de plomb sur papier
32 × 21 cm (à vue)
Signé en bas à droite Erté
Numéroté et titré au dos n° 4634 / Les Fantômes  

Vendu

Artiste emblématique de la période Art déco, Erté est un artiste russe naturalisé français. Descendant d’une grande famille de Saint-Pétersbourg, il est à la fois peintre, sculpteur, illustrateur, costumier et décorateur pour le théâtre et le cinéma. En 1912, il s’installe à Paris et travaille comme décorateur pour les défilés du couturier Paul Poiret. À partir de 1915, il débute une longue collaboration avec le magazine Harper’s Bazaar auquel il fournit de très nombreux dessins de mode. Erté effectue pendant cette période plusieurs allers-retours à New York et publie des illustrations dans Vogue et Cosmopolitan Magazine. En 1925, il signe un contrat avec la Metro-Goldwyn-Mayer pour réaliser des costumes et devient la coqueluche du tout Hollywood. Durant l’automne 1929, Erté subit de plein fouet le krach boursier du jeudi noir et, ruiné par la crise, doit quitter les États-Unis. De retour à Paris, il poursuit ses activités d’illustrateur et de décorateur. Après la Seconde Guerre mondiale, Erté travaille principalement pour les cabarets parisiens. Durant quarante ans, il va concevoir des milliers de costumes et de décors pour des lieux tels que Le Narcisse, Le Drap d’or, Le Sphinx, La Nouvelle Ève, Le Raspoutine, Le Shéhérazade, Les Folies Pigalle ou Le Moulin Rouge. 

À la fin des années 1950, Erté rencontre Hélène Martini, une ancienne danseuse des Folies Bergère qui a fait fortune en gagnant à la loterie. Celle que l’on va rapidement surnommer « l’impératrice de la nuit » achète, les uns après les autres, tous les plus beaux cabarets de Pigalle. Pour elle, Erté va dessiner des affiches et des décors mais surtout des centaines de projets de costumes. Une gouache en camaïeu de gris datant de cette époque représente un personnage ressemblant à un poulpe en smoking. Composé d’une dizaine de tentacules partant du visage pour atteindre le sol, ce costume est complété d’un chapeau haut-de-forme et de plusieurs pompons blancs qui lui donnent un côté masculin. Une série d’yeux peints, dont seuls quatre sont visibles sur la maquette, décorent le tour de la tête et accentuent le caractère fantastique du personnage. Au revers est inscrit un numéro d’inventaire et la mention Les Fantômes. Une autre feuille d’Erté, vendue en 2013 pendant la dispersion de la collection d’Hélène Martini est titrée Le Fantôme. Daté du 4 janvier 1957, ce projet pour un costume féminin était destiné au cabaret Le Sphinx. 

L’amitié entre l’artiste et la patronne de cabaret ne cessa pas même lorsque Erté décida de consacrer tout son temps à la sculpture. Décédé en 1990, Romain de Tirtoff aura traversé le siècle sans que jamais ses œuvres paraissent démodées. Son travail est aujourd’hui exposé dans de nombreux musées tels que le palais Galliera à Paris, le Metropolitan Museum of Art de New York ou le Victoria and Albert Museum à Londres.

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