Pierre François Léonard FONTAINE (1762-1853) 

Façade du Palais Barberini côté jardin, vers 1786-1790
Lavis d’encre sur papier
20,3 x 29,6 cm

Vendu

Fils d’architecte, Pierre Fontaine se forme dans l’atelier paternel avant de venir étudier à Paris auprès d’Antoine-François Peyre. Chez ce maître, il rencontre un autre jeune étudiant, Charles Percier, avec lequel il se lie d’une amitié durable. Les deux élèves de l’Académie, devenus inséparables, se préparent ensemble pour le concours du Grand Prix d’architecture auquel Fontaine n’obtient qu’une seconde place, en 1785. Ne pouvant compter sur la bourse associée au premier prix, le jeune architecte se rend seul, à ses frais, en Italie. L’année suivante Percier, lauréat plus heureux du concours, peut le rejoindre à Rome. Quelques mois plus tard, une place s’étant libérée au palais Mancini, Fontaine retrouve son ami et devient pensionnaire à son tour. 

Durant leur séjour italien, de 1786 à 1791, les deux hommes parcourent Rome et ses environs en traçant des relevés, des plans et des vues des principaux monuments et bâtiments de la région. À cette époque, Fontaine réalise plusieurs dessins du palais Barberini. Cet édifice privé, l’un des plus imposants de Rome, fut commandé par la famille Barberini à Carlo Maderno qui en débuta la construction en 1627. Poursuivi par son neveu Francesco Borromini et par Le Bernin, le chantier fut achevé en 1633. Lorsque Fontaine découvre le Palais, la famille Barberini qui en est toujours propriétaire est sur le déclin et n’a plus les moyens de l’entretenir. Sur un dessin tracé au lavis d’encre sépia, l’artiste montre la façade arrière du bâtiment dont les enduits se lézardent. Les jardins qui entourent la monumentale rampe d’accès vers la cour de la façade principale sont laissés à l’abandon, les plantes sauvages s’insinuant entre les pierres tandis que les herbes hautes recouvrent les parterres. Il semble que cette vision préromantique ait suffisamment séduit son auteur pour qu’il répète sa composition presque à l’identique dans un autre dessin de même format et technique (vente Millon du 15 octobre 2018 à Paris). De retour en France, Fontaine publie en 1798 avec son ami et associé Charles Percier, un recueil de planches gravées intitulé Les Palais, maisons et autres édifices modernes dessinés à Rome. L’architecture du palais Barberini y est illustrée par deux planches (80 et 81) représentant la façade sur rue et le plan du bâtiment. Le dessin de la façade côté jardin, plus naturaliste que scientifique, n’est pas retenu pour l’ouvrage et ne fut jamais traduit en gravure.

Ce recueil attire immédiatement l’attention de la haute société du Directoire sur ses auteurs qui reçoivent de nombreuses commandes de décoration d’appartements et d’hôtels particuliers. Joséphine de Beauharnais décide alors de présenter les deux architectes à Bonaparte qui, séduit par leur goût pour l’antique, les nomme architectes des Palais en 1801. Sous le Consulat, Percier et Fontaine mettent au point le dessin des façades de la rue de Rivoli, puis entament la rénovation complète du palais du Louvre et du palais des Tuileries délaissés par l’Ancien Régime.

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