Paul DELAROCHE (1797-1856)

L’Assassinat du duc de Guise, après 1834
Ensemble de quatre dessins
Trois crayons et aquarelle sur papier
27 x 20,5 cm
Provenance : Pierre-Antoine Labouchère (1807-1873) puis par descendance

Vendu

Paul Delaroche est incontestablement l’un des artistes les plus célèbres de son temps, même si sa notoriété d’alors semble aujourd’hui occultée par la prédominance des œuvres d’Ingres et de Delacroix. Formé dans les ateliers de Louis-Étienne Watelet puis d’Antoine-Jean Gros, il expose au Salon pour la première fois à l’âge de vingt-cinq ans et sa Jeanne d’Arc malade […] connaît un immense succès en 1824. Delaroche apparaît très rapidement comme le chef de file de la peinture de genre historique. 

En 1833, Ferdinand-Philippe, fils du roi Louis-Philippe, duc d’Orléans, commande à Delaroche un tableau – aujourd’hui au château de Chantilly ­– devant illustrer l’assassinat d’Henri Ier de Lorraine, duc de Guise, par la garde du roi de France Henri III au château de Blois, le 23 décembre 1588. Le peintre travaille déjà sur ce sujet depuis 1830, comme en atteste une aquarelle du musée Fabre à Montpellier et une petite esquisse datée de 1832 exécutée pour le prince Anatole Demidoff. Delaroche réalise également de nombreuses études pour les décors, les costumes et la mise en place de l’ensemble de la composition. Il est fort possible que l’intérêt du peintre et du duc pour ce sujet fasse suite au succès de la pièce d’Alexandre Dumas, Henri III et sa cour, jouée à la Comédie-Française en 1829. L’œuvre définitive, terminée au début de l’année 1834, est reçue avec enthousiasme par Ferdinand-Philippe avant d’être présentée au Salon l’année suivante où elle rencontre un immense succès public. 

Depuis ses débuts, Delaroche avait pris l’habitude de diffuser ses œuvres par la gravure et souhaite en faire autant pour son Assassinat du duc de Guise. Il semble cependant que dans ce cas précis, son propriétaire, le duc d’Orléans, s’y soit opposé. Désireux de satisfaire malgré tout ses mécènes, amis et commanditaires les plus prestigieux, le peintre décide d’inventer une série de quatre dessins reprenant chacun les principaux groupes de la composition : le roi apparaissant dans l’embrasure des rideaux, un groupe de quatre hommes de face venant à sa rencontre, deux des assassins vus de dos, et enfin le corps allongé sans vie du duc de Guise. Si les trois premiers sont traités sur un format vertical, le dernier s’inscrit horizontalement pour épouser la position de la victime. Ils sont inégalement rehaussés à l’aquarelle pour donner plus de vie aux figures. Regardés l’un après l’autre, ces dessins créent une succession narrative. Delaroche a répété au moins trois fois cette série de manière presque identique. Une première, complète, est conservée au Victoria and Albert Museum à Londres. Une autre, partielle (deux dessins), provenant de la collection de la princesse Izabella Elżbieta Działyńska, est aujourd’hui à Varsovie. La troisième série, récemment redécouverte, est complète et numérotée dans l’ordre de lecture pour les trois premiers dessins. Elle provient de la collection Pierre-Antoine Labouchère, ancien élève et ami de Paul Delaroche. 

Nous remercions Monsieur Stephen Bann d’avoir confirmé l’authenticité de ces dessins

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