Léon François Antoine FLEURY (1804-1858)

Vue du Ponte Rotto, prise à Rome sur les bords du Tibre, vers 1830
Huile sur toile
29 x 46 cm
Provenance : probablement n° 2 de la vente Fleury des 22-23 avril 1844 à Paris
Œuvre en rapport : Vue du Ponte Rotto, prise sur les bords du Tibre, Salon de 1831, n° 768

Vendu

Les éléments précis concernant le séjour du peintre Léon Fleury en Italie sont rares et le plus souvent, sa présence en un lieu n’est connue que grâce à la correspondance de ses amis ou par les annotations portées sur ses œuvres. En plus de Corot, il retrouve Théodore Caruelle d’Aligny et Édouard Bertin, deux autres paysagistes auprès desquels il aime travailler. Les titres des œuvres qu’il expose plus tard au Sa- lon nous permettent de le suivre à Marino, Olevano, Ariccia ou Naples, même si Rome reste son principal lieu d’étude. « Fleury qui vit à Rome juste comme moi […] travaille depuis le matin jusqu’au soir ; puis se couche pour recommencer la même chose le lendemain». Ces quelques mots rédigés par Corot dans une lettre datée du 2 février 1828 décrivent le tempérament du jeune Fleury pendant qu’il réside dans la Ville éternelle.

Depuis les berges du Tibre, au cœur de la cité, Léon Fleury profite de la lumière matinale pour esquisser l’amorce rom- pue du plus ancien pont de Rome, le pont Æmilius surnommé Ponte Rotto (pont brisé) par les habitants. Si seules deux arches subsistent encore, les suivantes, absentes, laissent voir plus loin l’île Tibérine et ses clochers. Une fois transposée sur la toile, la vue s’éclaire et les restes du pont de pierres et de briques se reflètent dans l’eau du fleuve où bleu et ocre s’entremêlent. Deux hommes dans une barque traversent pour rejoindre la rive à droite dominée par un mur que la végétation recouvre. La gamme chromatique et le cadrage choisi par Fleury évoquent l’art de Corot en Italie, mais s’en éloignent par un souci du détail et une rigueur moins synthétique.

Sans argent, Léon Fleury doit abréger son séjour et rentre en France dès 1829. De ses deux années passées en Italie, le peintre conserve le souvenir des sites visités et un grand nombre d’études dessinées ou peintes sur le motif. Le Ponte Rotto lui sert de sujet pour une toile exposée lors de sa première participation au Salon en 1831. Si l’œuvre d’assez grandes dimensions (82 x 118 cm) semble aujourd’hui disparue, une autre toile, d’un format plus réduit, permet d’en connaître la composition. Rien ne permet de savoir si la réalisation de cette peinture est préalable ou postérieure à la version du Salon. Il pourrait s’agir du numéro 2 du catalogue de la vente que le peintre organise en 1844. Les œuvres de Léon Fleury connaissent un certain succès de son vivant, mais ne lui apportent jamais la fortune. Après le décès du peintre en 1858, deux autres ventes sont organisées au profit de sa veuve. Le faible montant obtenu, au terme de ces deux vacations, doit être complété par l’État qui octroie une pension à son épouse.

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