Jules Eugène LENEPVEU (1819-1898)

Mariucia, 1849
Mine graphite sur papier
32,5 × 22,7 cm
Légendé et daté en bas à gauche mariucia/di/mola di gaëta/ ottobre 1849
Dédicacé, signé et contre-daté dans la marge inférieure à mon ami G. Perrot/J E Lenepveu 1865

Jules Eugène Lenepveu, originaire d’Angers, entre à l’école de dessin de cette ville à l’âge de quatorze ans avant de s’inscrire à l’École des beaux-arts de Paris en 1837. Durant ses années d’études parisiennes, le jeune artiste fréquente l’atelier de François Édouard Picot, tout en se préparant pour le prix de Rome. Lenepveu fait ses débuts au Salon de 1843 en exposant sa toile titrée L’Idylle puis remporte le grand prix en 1847 pour sa Mort de Vitellius. Arrivé à Rome au début de l’année suivante, le peintre fréquente les autres pensionnaires de la Villa Médicis, parmi lesquels on peut citer Félix Barrias, Léon Benouville, Alexandre Cabanel, Gustave Boulanger, William Bouguereau et Paul Baudry. 

Le riche fonds de dessins, offert au musée d’Angers par l’artiste lui-même puis par sa famille, témoigne d’une intense activité durant son séjour. En plus des traditionnelles copies d’après les maîtres anciens, l’ensemble comprend un certain nombre de feuilles portant des dates et des localisations qui nous permettent de suivre ses déplacements en Italie. Lenepveu, comme tous les artistes en résidence à la Villa, profite de sa formation pour parcourir la campagne romaine en quête de motifs et de modèles. Un dessin réalisé en octobre 1849 est localisé à Mola di Gaëta.Situé sur la via Appia entre Rome et Naples, près de Formia, l’endroit, connu pour abriter le tombeau de Cicéron, attire les voyageurs. Lenepveu ne manque pas d’y passer et croise sur sa route une jeune fille d’une dizaine d’années prénommée Mariucia. Séduit par les grands yeux et la chevelure bouclée à l’antique de la petite Italienne, le peintre fait son portrait. Le modèle, qui se présente de trois quarts, serre les lèvres et évite notre regard. D’un crayon précis, Lenepveu fixe les traits de son visage en insistant sur le contour des yeux et sur la masse sombre de ses cheveux. L’enfant qui semble poser comme par habitude, sans joie ni crainte, évoque le profil intemporel des anges du Quattrocento. 

Son pensionnat terminé, le peintre prolonge son séjour italien de deux années avant de rentrer en France. Là, il accepte des commandes prestigieuses dont celle de son ami Charles Garnier pour le plafond du nouvel Opéra de Paris, aujourd’hui caché par celui de Marc Chagall. En 1865, il vient puiser dans ses cartons de pensionnaire le portrait de la jolie Mariucia pour le dédicacer et l’offrir àGeorges Perrot (1832-1914), un ami archéologue et historien de l’art. Après son élection à l’Académie des beaux-arts en 1869, Lenepveu, nommé directeur de la Villa Médicis, retourne en Italie de 1873 à 1878. Le musée d’Angers a consacré au peintre une importante rétrospective en 2022.

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