Joseph Benoît GUICHARD (1806-1880)

Déploration du Christ mort, 1853
Fusain et craie blanche sur papier marouflé sur toile 
69,5 × 102,5 cm
61 × 93 cm à vue 
Signé et daté en bas à droite joseph guichard 1853

En cours d’acquisition par le Musée des Beaux-Arts de Lyon

Joseph Benoît Guichard grandit à Lyon dans une famille de marchands de papiers peints. Ses parents qui le destinent à un métier d’artisan l’inscrivent à l’école de dessin municipale où il partage les bancs avec Paul Chenavard. Élèves d’Étienne Rey puis de Pierre Révoil, au palais Saint-Pierre, les deux amis fréquentent également l’atelier du sculpteur Jean François Legendre-Héral. En 1827, Guichard quitte sa ville natale pour intégrer l’atelier d’Ingres à Paris. Là, il retrouve toute une communauté de jeunes artistes lyonnais : Chenavard, arrivé deux ans plus tôt, et Sébastien Cornu, bientôt rejoints par les frères Hippolyte et Paul Flandrin. Malgré son affection pour le maître montalbanais, Guichard, attiré par le romantisme, trouve en la personne d’Eugène Delacroix un second modèle. Lui-même racontera qu’il se rendait « chez Ingres au grand jour, chez Eugène Delacroix en cachette ». Âgé de vingt-cinq ans, le peintre participe au Salon de 1831 en exposant des portraits et connaît le succès deux ans plus tard avec Rêve d’amour qui lui vaut les éloges de la critique et du public. Ingres, pour sa part, rejette l’œuvre qu’il juge trop romantique et rompt toute relation avec son élève. Fort de sa notoriété nouvelle, Guichard reçoit sa première commande officielle : une copie de La Descente de Croix de Daniele da Volterra dans l’église de la Trinité-des-Monts à Rome. L’artiste séjourne un an et demi en Italie pour mener à bien ce travail que suivent bientôt d’autres demandes de l’État. De retour à Paris, les commandes officielles ne l’empêchent pas d’envoyer régulièrement aux salons de Paris et de Lyon des portraits, mais également des œuvres d’inspiration religieuse. 

À partir de 1841, un thème en particulier, le Christ mort, se répète dans sa production. En 1846, il expose trois dessins préparatoires pour sa Descente de Croix de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois. Par la suite,l’État lui commande deux toiles sur le thème du Christ au tombeau. La première, livrée par le peintre en 1850, représente la Vierge Marie pleurant sur le corps de son fils, aujourd’hui dans le cloître de la cathédrale de Tulle ; la seconde œuvre, terminée en 1853 et destinée à l’église de Domfront dans l’Orne, est malheureusement disparue. Un grand dessin daté de cette même année semble correspondre à la composition de cette peinture. Très aboutie, l’œuvre graphique reprend la composition générale de la toile de 1850 en y ajoutant la figure de Marie Madeleine soutenue par une sainte femme. Traité au fusain et à la craie blanche sur une feuille de papier crème, le Christ étendu sur le sol évoque les toiles de Philippe de Champaigne. Sur la droite, la figure de Marie Madeleine semble, elle, être empruntée aux plus belles études de Charles Le Brun. Le décor du premier plan, riche en détails, s’ouvre, derrière les figures, sur un vaste paysage de rocailles. 

Véritable hommage à l’art français, ce dessin n’aurait pu que susciter l’approbation de son maître, Ingres, déçu vingt ans plus tôt par Rêve d’amour.

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