Jules CAVELIER (1814-1894)

Pénélope, dite aussi Pénélope endormie, 1848
Mine de plomb sur papier
22 x 15,5 cm
Dédicacé, signé, localisé et daté en bas à droite :
A son ami Duffer – souvenir d’affection – J. Cavelier . Rome – 1848

Vendu au musée d’Orsay

Ulysse, roi d’Ithaque parti en guerre contre Troie, laissa sa femme Pénélope esseulée pendant vingt ans sur son île. Courtisée et pressée de prendre un nouvel époux, Pénélope fit la promesse de choisir parmi ses prétendants le jour où elle aurait terminé de tisser le linceul de son beau-père. Chaque nuit elle défaisait son ouvrage de la veille pour retarder l’échéance en espérant le retour d’Ulysse. Assise sur une chaise à l’antique, la jeune femme épuisée s’est endormie pendant son travail. Sculptée dans le marbre de Carrare, elle tient dans sa main un fuseau sur lequel le fil délié s’est enroulé. Sur sa droite, posé sur le sol, un vase contient les bobines qui lui serviront à reprendre son œuvre le lendemain. Jules Cavelier, lauréat du Prix de Rome en 1842, réside à la Villa Médicis comme pensionnaire lorsqu’il travaille sur cette sculpture. Le dessin qui témoigne de son achèvement est daté de 1848 et est localisé à Rome. Il porte une dédicace de l’auteur à un autre artiste, le peintre Louis Stanislas Faivre-Duffer. L’angle de vue choisi met l’accent sur l’inclinaison de la tête du modèle et le savant entrelacement du drapé.

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La même année, ce marbre est exposé à l’École des Beaux-Arts avec les travaux des pensionnaires puis au Salon de 1849 où il triomphe avec deux médailles. En 1855, Théophile Gautier s’associe aux premiers éloges :

«Avec sa Pénélope endormie, M. Cavelier s’est placé au premier rang parmi les sculpteurs modernes. Cette figure, affaissée dans ses chastes draperies, sous la fatigue des travaux, avait une grâce pudique et sévère digne des beaux temps de l’Antiquité ; aussi le succès de l’œuvre fut-il complet : pas une critique discordante ne troubla le concert d’éloges: les artistes et les gens du monde furent également charmés» (Les BeauxArts en Europe, 1855).

Le duc de Luynes fait l’acquisition de la sculpture de Cavelier dès son exposition en 1849 et l’installe dans son châ- teau de Dampierre au pied de l’escalier principal. Ce château que son propriétaire éclairé souhaite voir devenir un véritable « sanctuaire du beau » avait accueilli Ingres durant plusieurs années pour la réalisation de deux fresques : l’Âge d’or laissée inachevée et l’Âge de Fer jamais commencée. Pénélope endormie, restée en place jusqu’en 2016, vient de rejoindre les collections du musée d’Orsay suite au triste démantèlement des collections de Dampierre.

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