Jean-Victor SCHNETZ (1787-1870)

Soldat espagnol blessé, vers 1838
Étude pour La Bataille de Cérisoles
Pastel sur papier
32 x 26 cm

Vendu

Jean-Victor Schnetz naît et grandit à Versailles dans les dernières années du règne de Louis XVI. Fils d’un garde suisse du roi, il n’embrasse pas la carrière militaire de son père et conserve une aversion pour la violence, ayant vécu de près celle de la Révolution alors qu’il n’était qu’un enfant. Adolescent, il intègre l’atelier de Regnault au Louvre avant de rejoindre celui de David et adopte la manière néo-classique chère à ses maîtres. Lors de sa première participation au Salon en 1808, il expose une toile intitulée La Valeur d’un soldat français. S’il n’obtient jamais le Grand Prix de peinture malgré plusieurs tentatives, il part tout de même à Rome en 1817. En Italie, il retrouve Léopold Robert et se lie d’amitié avec Théodore Géricault. Il y retournera aussi souvent que possible, attaché à la cité éternelle et aux artistes qui y sont installés. Son séjour le plus long dure de 1825 à 1831. En France son talent est reconnu depuis le succès de sa Sainte Geneviève au Salon de 1824 qui lui a valu des éloges. À son retour, il reçoit de nombreuses commandes pour des œuvres religieuses ou historiques dont plusieurs sont destinées à orner la galerie des batailles de Versailles. Schnetz réalise à cet effet Le Comte Eudes défend Paris contre les Normands en 886. Suivra rapidement, toujours pour Versailles, la commande d’une toile devant illustrer la bataille de Cérisoles. L’œuvre doit célébrer la victoire en 1544 de Coligny et François de Bourbon sur Charles Quint et ses armées.

Le peintre choisit de représenter le moment où le comte d’Enghien reçoit les prisonniers et les drapeaux espagnols. Sur la droite, un porte-drapeau blessé à la tempe baisse le regard, résigné. L’esquisse pour cette figure, très détaillée et richement mise en couleur par l’artiste grâce à la luminosité du pastel est traitée avec la force d’une œuvre autonome. La puissance et la surprenante modernité de cette feuille contrastent avec l’œuvre définitive. Peu satisfait de sa production qui « lui donne plus d’ennui que de plaisir », Schnetz achève son tableau pour des questions financières. Livrée en 1838 et durement reçue par la critique, cette grande com- position ne semble pas correspondre au style du peintre et résulte d’un travail laborieux.

Fort de son élection à l’Académie des Beaux-Arts en 1837, Schnetz succède à Ingres comme directeur de la Villa Médicis et retourne à Rome de 1841 à 1846. Il acceptera par la suite de reprendre ce poste entre 1853 et 1866. Son influence sur plusieurs générations de pensionnaires est indéniable. In- citant ces derniers à quitter l’atelier et abandonner les plâtres, il ouvre une brèche dans l’enseignement académique prodigué traditionnellement par la vénérable institution.

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