Jean Victor BERTIN (1767-1842)

Paysage à la fabrique en Italie, 1813
Huile sur toile
32,5 x 40,5 cm
Signé et daté en bas à gauche Bertin 1813
Exposition : probablement Salon de 1814, n° 83

Vendu

Formé par Pierre-Henri de Valenciennes, Jean Victor Bertin est reconnu comme l’un des chefs de file du paysage néo-classique en France. Au Salon de l’an VIII (1799-1800), le peintre connaît son premier succès officiel en recevant un prix d’encouragement et obtient rapidement ses premières commandes publiques et privées. Si son œuvre évoque l’Italie dès ses premières peintures, l’artiste ne franchit les Alpes que tardivement, à l’âge de trente-neuf ans. Entre 1805 et 1806, Bertin visite Milan, Florence et Rome puis les sites les plus pittoresques de la péninsule, Tivoli, Subiaco, Olevano, avant d’atteindre Naples. De retour en France à l’automne 1806, le peintre multiplie ses participations au Salon avec des toiles dont les titres conservent le souvenir de son périple italien.

En 1813, Bertin prépare le Salon de l’année suivante où il présentera huit peintures sous les numéros 78 à 85. Hormis un Intérieur de bois. Chasse au cerf (no 81), probablement inspiré par la forêt de Compiègne ou de Fontainebleau, toutes les œuvres exposées se réfèrent à l’Italie, de la Toscane à Naples en passant par Narni. Deux numéros, les 83 et 85, ne portent pas de titre, mais sont indiqués comme les pendants des précédents : Vue d’Italie, au bord d’un lac (n° 82) et Vue d’une partie du pont d’Auguste, sur la Nerra, à Narny [sic] (n° 84). Une toile signée et datée de 1813, représentant deux lavandières au bord d’une rivière dans un paysage avec une fabrique, pourrait être assimilée au numéro 83 du Salon comme pendant de la Vue d’Italie, au bord d’un lac. Bertin affectionnait particulièrement ce type de composition sans localisation précise. Le paysage recomposé selon l’idéal classique reprend toutes les caractéristiques du genre. Au centre, deux petites figures féminines accompagnées d’un chien lavent leur linge dans la rivière. Face à elles, une architecture de pierre sans fonction précise, une fabrique, laisse apparaître un troisième personnage sous une arcade. Derrière, sur la droite, domine une colline boisée dont la pente marque la diagonale de la composition fermée sur la gauche par un bouquet d’arbres. Colline et arbres ménagent une ouverture vers le ciel bleu ponctué par quelques nuages alors que, plongé dans l’ombre, un jeune homme as- sis sur l’herbe complète l’ensemble.

Comme professeur, Jean Victor Bertin transmet la tradition du paysage classique à toute une génération d’artistes qu’il incite à se rendre sur le motif et à se confronter directement à la nature. Au sein de l’Académie, il milite pour que le paysage historique soit reconnu comme un genre à part entière et obtient l’ouverture d’un concours spécifique. En 1817, le premier lauréat du Prix de Rome de paysage fut l’un de ses élèves les plus prometteurs : Achille-Etna Michallon. Ce jeune artiste mort à l’âge de vingt-cinq ans ouvrit la voie au paysage romantique en se détachant de l’enseignement de son maître, suivi par Jules Coignet, Charles Rémond et sur- tout Camille Corot, tous d’anciens élèves de Bertin.

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