Jean VASSEROT (1769-1837)

Homme dessinant sur une pierre dans un paysage, vers 1795
Plume et lavis d’encre sur papier 
21 x 31,7 cm 
Provenance : fonds d’atelier de l’artiste

Vendu

Jean Vasserot est né en 1769 à Joigny dans l’Yonne. Il est probablement le fils de l’architecte François Vasserot et le frère aîné du cartographe Philibert Vasserot né en 1773. Les livrets du Salon, auquel il participe pour la première fois en 1793, nous apprennent qu’il est l’élève du peintre paysagiste Pierre-Henri de Valenciennes. C’est dans l’atelier de ce maître qu’il se forme à la peinture en plein-air et qu’il peut rencontrer Jean-Victor Bertin, avec lequel il partage les mêmes préoccupations artistiques sur la question du paysage. Plusieurs dessins de Vasserot, lithographiés tardivement par Godefroy Engelmann, suggèrent par leurs titres que l’artiste fit un voyage en Italie. Avec le peintre François-Louis Dejuinne, il réalise des décors pour le château de Rambouillet qui malheureusement seront rapidement détruits par l’humidité. Son œuvre, encore méconnue, se compose de peintures, de dessins et de gravures dans le goût néoclassique. 

Sur une feuille au style très fouillé, Jean Vasserot représente un paysage dont la végétation sature l’espace en ne laissant aucune place au ciel. Entre les hauts arbres aux feuillages denses et les blocs massifs de pierre, la perspective s’ouvre sur une cascade dont l’eau s’écoule par paliers jusqu’à nous. Au premier plan, sur la droite, un homme s’est assis pour dessiner. Un stylet à la main, il suit les contours de son ombre projetée par la lumière qui le frappe sur la paroi blanche d’un rocher. Vêtu d’un veston resserré à col haut et couvert d’une large toge, l’homme n’a rien d’une figure antique. Ce type de costume à la mode pendant les années 1790 s’inspire des modèles créés par le peintre Jacques-Louis David sous la Révolution. Le sujet évoque le mythe antique de l’invention du dessin tel qu’illustré par Joseph-Benoit Suvée en 1791. Selon Pline l’ancien, Callirrhoé, la fille d’un potier de Corinthe nommé Boutadès, aurait eu l’idée de tracer avec du charbon de bois l’ombre de son amant sur un mur pour conserver son souvenir. Le traitement et la composition de cette œuvre évoquent certaines des plus belles feuilles de Pierre-Henri de Valenciennes qui, pour illustrer les mythes de Narcisse ou de la nymphe Biblis, isolait lui aussi ses figures dans un paysage. 

Jusqu’à la dispersion de son atelier entre 2016 et 2022, Jean Vasserot était un artiste oublié de l’histoire de l’art. S’il est mentionné succinctement dans le dictionnaire Bénézit, seuls les titres de ses œuvres exposées au Salon nous étaient connus. Ces vacations récentes ont permis de redécouvrir le talent de ce paysagiste et les liens qu’il entretenait avec certains des artistes majeurs de son temps, comme l’atteste la redécouverte de deux portraits des peintres Jacques-Augustin-Catherine Pajou et Jean-Antoine Gros jusqu’alors conservés par sa descendance.

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