Jean-Léon GÉRÔME (1824-1904)

Paestum, vers 1848-52
Huile sur toile
58,5 x 78 cm

Acquisition par le musée de La Roche-Sur-Yon

«À 18 ans j’étais donc en Italie. Je ne savais rien j’avais tout à apprendre. (…) Je fais des études d’architecture, de paysages, de figures et d’animaux. Je sens enfin que je m’éveille au contact de la nature. Cette année est une des plus heureuses et des mieux remplies de ma vie

Originaire de Vesoul, Jean-Léon Gérôme intègre très tôt l’atelier de Paul Delaroche à Paris. Il se présente à plusieurs reprises au Prix de Rome, mais face à ses échecs successifs décide de partir avec son maître pour l’Italie en 1843. Installé à Rome, Gérôme dessine dans le forum, fréquente les musées de la ville et parcourt les campagnes alentour à la recherche de sujets. Il descend également plus au sud et visite Naples et sa région. Il peut alors découvrir le site grec de Paestum et trouver l’inspiration devant les deux temples antiques d’Héra. Un carnet de dessins, conservé encore aujourd’hui par sa famille, garde la trace de ce voyage. En 1844, son séjour est interrompu par la fièvre typhoïde qui le contraint au retour. Après une période passée dans l’atelier de Charles Gleyre, Gérôme retrouve son premier maître, Paul Delaroche et devient son assistant durant une année. Le jeune peintre connaît son premier succès au Salon de 1847 avec sa toile des Jeunes grecs faisant battre des coqs. Le tableau salué par Théophile Gautier apparaît comme un véritable manifeste du mouvement néo-grec. De cette même année date une petite esquisse à l’huile représentant une vue de Paestum, preuve du souvenir toujours présent de son voyage en Italie et du fort intérêt de l’artiste pour ce site. Cette étude, d’une technique très enlevée, montre des buffles s’abreuvant devant la façade orientale du temple d’Héra. Deux ans plus tard, pour le Salon de 1849, le peintre choisit de présenter une seule peinture : une seconde vue de Paestum dont nous ne connaissons aucune image, mais qui selon Gerald Ackerman n’était pas animée par un troupeau au premier plan. En 1852, il expose de nouveau une vue de Paestum, mais cette fois plus ambitieuse et plus aboutie. Bien que disparue aujourd’hui, cette peinture connue par plusieurs dessins et différentes gravures, reprenait la composition de l’esquisse datée de 1847, mais dans une perspective inversée et en laissant une plus large place au ciel. L’œuvre qui suscita un commentaire élogieux de la part des frères Goncourt, intégrera quelques années plus tard la collection Moreau-Nélaton jusqu’à sa dispersion le 11 mai 1900. Une première version de cette peinture, laissée inachevée par Gérôme, reprend la composition presque à l’identique et dans un format approchant. Le temple d’Héra, monumental, domine la mare dans laquelle les buffles, tout juste esquissés à la pierre noire ne sont que suggérés. Dans cette première pensée, le peintre a ébauché deux hérons sur la droite qui n’apparaissent dans aucune autre de ces vues de Paestum. Le caractère incomplet de cette œuvre accentue le hiératisme du temple antique et confère à l’ensemble un synthétisme d’une grande modernité.

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