Jean-Baptiste FRÉNET (1814-1889)

Crucifixion, vers 1840
Huile sur toile
75,5 x 85,5 cm

Vendu

Fils d’un fabricant d’étoffes de soie installé à Lyon, Jean-Baptiste Frénet est très tôt attiré par le dessin. Dès l’âge de treize ans, il intègre l’école des Beaux-Arts de sa ville. Surnommé «le frénétique » par ses amis, tant pour son caractère que pour sa manière de travailler, le jeune peintre est exclu temporairement de l’école pour indiscipline en 1828. Six ans plus tard, il rejoint l’atelier d’Ingres à Paris pour parfaire sa formation et retrouve Michel Dumas, Claudius Lavergne et Louis Janmot, trois Lyonnais. Son nouveau maître devant prendre la direction de l’Académie de France à Rome, il prépare son départ pour le rejoindre en Italie. Durant son séjour, il travaille sur un tableau titré L’Homme à la recherche de la vérité (exposé à Paris en 1837) et sur son ambitieux triptyque d’Enosh qu’il présente à son retour en France, au salon de Lyon. L’œuvre, sous-titrée « Suites de la chute originelle », est accompagnée dans le livret d’un long commentaire mal accueilli par la critique. Trois ans plus tard, Frénet entreprend un second voyage en Italie, visite Venise et retrouve Louis Janmot à Rome avec qui il partagera un atelier. Son très mauvais caractère et sa constante insatisfaction face à son travail génèrent des tensions avec son ami et l’isolent peu à peu. À cette époque, il travaille sur une toile illustrant le songe de Jacob. L’œuvre de grande dimension, conservée dans une collection particulière, est connue par une photographie. Le peintre s’y est représenté allongé, sous les traits du personnage biblique endormi. Cette propension à intégrer des autoportraits en cameo dans ses œuvres religieuses est une constante de l’art de Frénet que l’on retrouve dans son Saint-Augustin, mais également dans sa toile de la Crucifixion. Datant probablement de la même période que Le Songe de Jacob, cette peinture de format horizontal présente le Christ sur la croix. Entouré à sa droite par la Vierge Marie évanouie et soutenue par saint Jean, il est accompagné à sa gauche par Marie-Madeleine agenouillée qui hurle et tire sur sa chevelure en signe de douleur. Si la figure de la Vierge semble être influencée directement par l’enseignement ingresque, celle de Madeleine, plus baroque, renvoie aux œuvres d’Henri Lehmann. Le visage du Christ, marqué par la souffrance, épouse les traits de l’auteur reconnaissable à son front large et son menton étiré, tels que visibles dans son autoportrait sévère de 1842. Le pro- fil des toitures d’une ville en contre-jour s’inscrit sur la ligne d’horizon d’où émerge la coupole de la basilique Saint-Pierre de Rome. Le ciel à l’arrière-plan est teinté de rose, de bleu et de noir, dans un jeu de fort contraste propre à la manière de Frénet. Peintre principalement religieux, ami proche d’Oza- nam, Frénet est victime des critiques de son temps qui qualifient ses œuvres d’étranges et maladroites. Il arrête de participer aux salons officiels après 1842 et se retire dans la petite ville de Charly où il ne cesse cependant jamais de peindre, jusqu’à sa mort en 1889.

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