Jean FEUCHÈRE, probablement Jean-Pierre FEUCHÈRE (actif entre 1767 et 1800)

Adonis, vers 1780
Encre et gouache blanche sur papier bleu
18 x 16 cm
Signé en bas à gauche Feuchere Jean
Provenance : vente G. Rapilly du 27 janvier 1907 ; collection Albert Finot, son cachet en bas à droite (L.3627)

Vendu

Les Feuchère forment une véritable dynastie d’artistes aux XVIIIe et XIXe siècles. Le plus célèbre d’entre eux, Jean- Jacques, fut l’un des meilleurs sculpteurs de l’époque romantique. Ses cousins Léon et Lucien furent respectivement architecte et bronzier pendant la Restauration. Au siècle précédent, la génération de leurs pères était composée d’artistes dont les activités étaient toutes liées au métier du bronze. Pierre-François, Jacques-François, Lucien-François et Jean- Pierre Feuchère apparaissent alors dans les registres comme doreurs ou ciseleurs. S’agissait-il de quatre frères, ou bien de cousins tous issus d’un même ancêtre ayant exercé à la fin du règne de Louis XIV ? Les éléments d’archives sur ce point sont lacunaires. Nous savons néanmoins que Pierre-François et Jean-Pierre collaborèrent sur plusieurs pièces de bronze. Le premier fut reçu maître en 1763 et le second en 1767. Les deux artisans d’art travaillaient pour le Garde-Meuble de la Couronne et il est souvent difficile de déterminer lequel était l’auteur de chaque œuvre réalisée pour la maison du roi.

Le 27 janvier 1907 passèrent en vente publique huit dessins d’une suite appartenant à un certain monsieur G. Rapilly. Réalisés à l’encre brune et relevés de gouache blanche sur papier bleu, ils illustraient des sujets mythologiques. Tous portaient une signature Feuchère Jean et furent en conséquence présentés comme de la main du sculpteur Jean-Jacques. L’un d’eux montre Adonis dans un paysage : le jeune dieu accoudé à un rocher porte sa lance sous le bras et caresse son chien. Une biche, récompense d’une chasse fructueuse, est percée d’une èche. Le motif qui se détache de la feuille tel un bas-relief est d’une technique et d’un style qui ne peuvent correspondre à la période d’activité de Jean-Jacques Feuchère. L’esprit de ce dessin est indéniablement celui du XVIIIe siècle. La signature, qui ne peut être la sienne, renvoie par conséquence à l’un de ses aïeuls, et donc certainement à Jean-Pierre Feuchère.

L’art des bronziers et des ciseleurs du XVIIIe siècle nécessitait outre des connaissances techniques indispensables, une maîtrise poussée du dessin. L’Adonis, de même que les sept autres motifs sur papier bleu, devaient être préparatoires à des plaquettes d’ornements en bronze. Les meubles et ob- jets d’art à l’époque de Louis XVI s’inspirent d’une antiquité redécouverte pendant les fouilles d’Herculanum et Pompéi. Leur style s’épure et les anciens décors de feuillages et d’arabesques à la mode sous le règne précédent laissent peu à peu la place à un cortège de dieux et de déesses issus des panthéons grecs et latins.

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