Georges-Antoine ROCHEGROSSE (1859-1938)

Soldats grecs courant, vers 1911
Étude pour Les Héros de Marathon ; l’attaque
Huile sur toile
28 x 29,5 cm
Cachet de la vente Rochegrosse au revers
Provenance : fonds d’atelier de l’artiste

Vendu

Peintre aux compositions grandiloquentes et dessinateur fécond, Rochegrosse accepte en 1893 de réaliser à la demande de l’éditeur Ferroud, une suite importante d’illustrations pour l’édition de luxe de Salammbô. Le peintre eut l’occasion enfant de rencontrer Gustave Flaubert chez son beau-père, le poète Théodore de Banville. En quête d’authenticité, il voulut voir l’antique Carthage, cité où se déroule le roman, mais à son arrivée en Tunisie, il fut déçu de ne pas découvrir dans les ruines le souvenir flamboyant des décors décrits méticuleusement par Flaubert. Il décide alors de se rendre à Alger en avril 1894 pour un premier séjour. Trouvant enfin l’inspiration, il y revient une seconde fois et fait la connaissance de Marie Leblon, son modèle et sa muse, qu’il épouse en 1896. À partir de ce jour, le couple alterne période de vie parisienne dans l’atelier de la rue Chaptal et séjours algérois. Depuis la célèbre villa des Oliviers où il réside, le peintre poursuit ses participations aux salons parisiens.

En 1911, Rochegrosse travaille sur une toile de grand format dont le sujet est une évocation de la célèbre bataille de Marathon. Titrée Les Héros de Marathon ; l’attaque, l’œuvre illustre l’assaut qui met fin à la première guerre médique en 490 avant notre ère. Le peintre qui prépare sa composition va puiser ses sources chez Hérodote et Aristophane qui décrivent l’évènement comme une charge armée, rapide et bruyante. Pour obtenir le plus grand réalisme, Rochegrosse emploie des modèles qu’il affuble de casques, de lances, d’armures et de jupettes et à qui il demande de courir devant lui. Tel un cinéaste, il tente de capter l’énergie du mouvement. Plusieurs études témoignent de ses recherches. Sur l’une d’elles, trois hommes avancent de face sur un fond de pay- sage esquissé. Leurs costumes semblent tout droit sortis des remises d’un théâtre parisien : deux tiennent des boucliers de garde romain et le troisième un bouclier africain en toile peinte de motifs colorés sans rapport avec le sujet. L’œuvre définitive, tardive dans la production de Rochegrosse, est contemporaine du cinéma avec lequel elle semble vouloir rivaliser. Son cadrage, avec ses deux hoplites qui foncent droit vers nous et le reste des troupes qui envahissent la surface de la toile, voulait surprendre, voire même effrayer le spectateur. Dernier feu de la grande peinture académique dans la tradition du siècle précédent, Les Héros de Marathon reçurent un accueil amusé du public et plutôt sarcastique de la part des critiques.

Ses succès relatifs ne parviennent pas altérer la douceur algéroise dans laquelle s’épanouissaient le peintre et son épouse. Leur bonheur s’interrompt brusquement lorsque Marie s’engage comme infirmière sur le front à la déclaration de guerre de 1914, puis cesse définitivement quand elle décède en 1920. Inconsolable, Rochegrosse rentre en France après avoir fait ériger un mausolée face à la mer en souvenir de sa compagne. À partir de ce jour, il ajouta au bas de ses toiles et de ses dessins, l’initiale M de Marie, signant G. M. Rochegrosse.

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