Serafino MACCHIATI (1861-1916)

L’Oiseau noir, vers 1904
Huile sur toile marouflée sur carton
39 x 27 cm
Dédicacé, localisé et signé en bas à gauche
À mon collaborateur et collègue / René Lelong / Paris / S.Macc…

Vendu

À la lumière d’une bougie, assis à son bureau, un homme vêtu de noir consulte un ouvrage avec inquiétude. Face à lui, piétinant des cartes à jouer, un oiseau noir le domine. Mi-cor- beau, mi-marabout, le volatile semble attendre, tel un inquisiteur, que l’homme ait terminé sa lecture. Le décor de lambris et trumeau est complété par une horloge de parquet dont le tic-tac doit presser l’issue de la recherche. L’épisode pourrait évoquer un passage de The Raven, célèbre poème d’Edgar Al- lan Poe publié en 1845 et traduit par Baudelaire en français dès 1853, mais doit tirer sa source d’un autre poème noir de la fin du siècle. Serafino Macchiati, peintre et illustrateur italien, choisit de traiter cette scène en grisaille.

Né à Camerino dans le centre de l’Italie en 1860, Serafino Macchiati se forme à Rome parmi les peintres divisionnistes et fréquente les milieux artistiques et littéraires de la capitale. Rapidement, le jeune artiste consacre une partie de son talent à l’illustration d’ouvrages pour des éditeurs romains puis français avant de venir s’établir à Paris en 1898. Dans la capitale effervescente, il retrouve son compatriote, le peintre Giacomo Balla avec qui il partage logement et atelier. Les deux hommes très engagés politiquement se rapprochent du socialiste révolutionnaire français, Henri Barbusse. Tout en collaborant régulièrement avec Le Figaro illustré, Macchiati diversifie ses activités et réalise plusieurs affiches publicitaires dans le goût Art nouveau alors en vogue. Comme illustrateur, son style proche de celui de Steinlen et de Forain est mis au service des romans de Balzac, Tolstoï ou Conan Doyle. À la fin de sa vie, le peintre lègue à la France un certain nombre de ses œuvres qui entrent à sa mort en 1916 au musée du Luxembourg. L’une d’elles, intitulée Le Visionnaire, peinte en 1904, est très proche tant dans sa technique que dans son ambiance de L’Oiseau noir. Elle représente un homme, probablement un autoportrait, effrayé par l’apparition d’un spectre féminin. À l’arrière-plan, l’auteur a utilisé la même horloge comme élément de décor. Probable projet d’illustration pré- vu pour être reproduit en photogravure mécanique, L’Oiseau noir porte une dédicace à son « collaborateur et collègue », le peintre René Lelong (1871-1933) qui comme lui travaille à cette époque pour Le Figaro illustré.

En 1922, la XIIIe Biennale de Venise a consacré à Serafino Macchiati une exposition où furent présentées trente-deux de ses œuvres, dont Jardin sous la neige, Cerisier en fleur, La Seine à Vitry, La Marne, Bateaux sur la Seine, Le Lavoir d’Anduze, ou Le Chêne et l’olivier. Sa descendante, Silvana Frezza Macchiati, en collaboration avec Raffaele De Grada, a publié en 2003 un catalogue raisonné de son œuvre en deux volumes.

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