Eugène GIRAUD (1806-1881)

Danse de Bohémiens, vers 1849 
60 x 49 cm
Signé du monogramme en bas à droite EG
Exposition : probablement Paris, Salon de 1849, n° 901 (sous le titre «Danse de bohémiens ; environs de Grenade ») 
Numéroté sur le châssis 9740 
Étiquette au dos du cadre d’origine 76 / 1500

Loin d’être pour ceux qui l’habitaient un sujet de défiance, on nous pria d’entrer ; et nous nous trouvâmes au milieu d’un fandango qui fut continué avec un entrain croissant. Giraud prit ses crayons et l’assemblée le vit se mettre au travail avec une véritable joie. Pour moi, je saisis une guitare et je renforçai l’orchestre. Tout en dessinant, Giraud avait appris le pas ; aussi, jetant le crayon avec impétuosité, il courut présenter son bras à une des plus jolies gitanas, et se mit à déployer tant de grâce, à s’accompagner de castagnettes avec tant d’élégance, qu’il fut couvert d’applaudissements. Les femmes se l’arrachaient. Il ne quittait une danseuse que pour en prendre une autre, et il finit par tomber sur une chaise, épuisé et triomphant“.  (Adolphe Desbarrolles, Deux artistes en Espagne, illustrés par Eugène Giraud, Paris, G. Barba, 1865, p. 118).

Eugène Giraud montre dès l’enfance une attirance pour le dessin qui le conduit dans les ateliers du peintre Louis Hersent et du graveur Joseph Richomme. Admis à l’École des Beaux-Arts, il obtient le Prix de Rome de gravure en 1826. L’artiste participe pour la première fois au Salon en 1831 en exposant trois peintures et trois dessins. Reconnu pour ses portraits et ses scènes de genre, il connaît son plus grand succès critique et public avec La Permission de dix heures au Salon de 1839. En juillet 1846, Eugène Giraud découvre l’Espagne qu’il visite en compagnie de son ami Adolphe Desbarrolles. Arrivés à Madrid en octobre, les deux hommes retrouvent Alexandre Dumas qui est accompagné de son fils mais également d’Auguste Maquet et d’un autre peintre, Louis Boulanger. Ce voyage de plus de six mois entraîne Giraud jusqu’en Afrique. L’artiste rapporte de son séjour de nombreux carnets de croquis qui vont lui inspirer durablement des œuvres aux thématiques espagnoles et orientales. 

Pour le Salon de 1849, Giraud décide de présenter une toile dont le titre Danse de bohémiens ; environs de Grenade évoque directement ses souvenirs partagés avec Desbarolles. Trois hommes et deux femmes, vêtus de costumes traditionnels, sont regroupés au centre de la toile. Les yeux fermés, ils semblent danser comme portés par l’inspiration. Le décor est celui d’une ruelle de Grenade dont les murs sont découpés par la lumière du soleil qui traverse les feuillages. En 1852, l’artiste reprend ce groupe dans une composition plus ambitieuse. Les cinq figures, placées dans des postures identiques, sont rejointes à l’ombre d’une treille, dans une auberge (ou « posada »), par d’autres danseurs et quelques musiciens. Cette seconde toile, exposée sous le titre de Danse dans une posada de Grenade au Salon de l’année suivante, est acquise par l’État et actuellement visible au musée Goya à Castres. Treize ans plus tard, Eugène Giraud illustre par de nombreuses gravures le récit de ce voyage publié par Adolphe Desbarrolles. L’une des illustrations pour cet ouvrage revisite, avec une composition différente, l’esprit de cette danse qu’on appelle en Espagne « zapateado ». 

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