Romulus Antoine HENNON-DUBOIS (1799-1849)

Siège de Paris par les Normands (Scandinaves), l’an 883, 1840
Huile sur toile
88 x 118 cm
Signé et daté en bas à droite sur la pierre Romulus/Hennon dubois /1840
Exposition : Paris, Salon de 1841 (n° 973)
Bibliographie : Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au Musée royal le 15 mars 1841, Paris, 1841, p. 124

Offert par la galerie au Musée de Bourg-en-Bresse


À partir de 1830, Louis-Philippe décide de transformer le château de Versailles en musée dédié à toutes les gloires de la France et d’y rassembler des œuvres peintes ou sculptées illustrant les événements marquants et les grands personnages de l’histoire de France depuis ses origines. Au-delà des commandes royales dont les sujets sont choisis avec soin, les artistes se mettent à explorer les textes anciens à la recherche d’épisodes historiques, insolites et méconnus. Pour préparer sa participation au Salon de l’année suivante, Romulus Antoine Hennon-Dubois se penche en 1840 sur un ouvrage de Louis-Antoine-François de Marchangy (1782-1826) publié à partir de 1813 : La Gaule poétique ou l’Histoire de France considérée dans ses rapports avec la poésie, l’éloquence et les beaux-arts. L’attention du peintre va se porter sur le quatrième tome dans lequel sont évoqués les sièges de Paris par les Normands. 

Au IXe siècle, les Vikings assiègent et pillent Paris à quatre reprises : en 845, 856, 861 et 885. La dernière de ces attaques est racontée en 897 par le moine Abbon de Saint-Germain-des-Prés, témoin des événements. Son texte accorde une grande importance aux actions réalisées par saint Germain. L’un de ces miracles, repris par Marchangy, va particulièrement intéresser Hennon-Dubois qui décide d’en faire le sujet de son prochain tableau. Alors que les Normands s’apprêtaient à franchir les portes de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ils s’arrêtèrent brutalement au seuil de l’église car l’une de leurs prophétesses, écartant les ronces qui couvraient un tombeau, reconnut avec surprise une inscription runique qu’elle lut à haute voix : « Ragenaire, chef des Scandinaves, ayant osé pénétrer dans le temple du Seigneur, y fut flagellé par une main invisible, et tomba mort au milieu de ses guerriers ». Le peintre montre le moment précis où les Vikings, effrayés par le sort de leur prédécesseur, s’apprêtent à abandonner les lieux, craignant d’être punis à leur tour. Pour titrer son œuvre, citant Marchangy, Hennon-Dubois se trompe de date en situant l’anecdote en 883 au lieu de 885. 

Romulus Antoine Hennon-Dubois est né à Élincourt-Sainte-Marguerite dans l’Oise. Il entre à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1823. Ancien élève de Jean-Pierre Granger, il commence une carrière de lithographe avant de débuter au Salon de 1833. Cinq ans plus tard, il connaît son premier et unique succès avec un tableau à sujet historique : la Mort de Jacques d’Armagnac, duc de Nemours (1477) qui lui vaut une médaille de bronze. Pendant le Salon de 1841, son Siège de Paris par les Normands, l’an 833 et une toile représentant Thomas More en prison ne semblent malheureusement susciter aucun commentaire. L’artiste cesse d’exposer après 1844 et meurt en 1849. Son frère aîné, Denis-François, né en 1791, fut également peintre et lithographe.

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