Emmanuel Michel BENNER, dit Many BENNER (1873-1965)

Judith et Holopherne, vers 1894
Huile sur toile
38 x 46 cm
Dédicacé et signé en bas à gauche A MON CHER AMI B. CROCE-SPINELLI – SOUVENIR AFFECTUEUX MANY BENNER
Provenance : Bernard Crocé-Spinelli (1871-1932), compositeur français

Emmanuel Michel Benner est le fils et le neveu des peintres alsaciens Jean et Emmanuel Benner. Né à Capri en Italie, le jeune artiste entre à l’École des Beaux-Arts à l’âge de seize ans. Pour se préparer au concours du Prix de Rome, il suit les cours de Jean-Jacques Henner et obtient un second prix en 1894 avec sa toile, Judith montre la tête d’Holopherne aux habitants de Béthanie (sic). Aujourd’hui conservée au musée d’Art et d’Histoire de Belfort, la toile illustre l’épisode biblique dont Judith est l’héroïne. L’Ancien Testament relate le courage de cette jeune Juive qui décide de se sacrifier pour sauver son peuple après la prise de son village par l’armée babylonienne. Aidée d’une servante, elle parvient à pénétrer dans le camp ennemi et séduit leur chef, Holopherne, qui l’invite sous sa tente. La nuit venue, profitant de son sommeil, Judith le décapite puis revient dans son village en exhibant la tête de sa victime.

Sur une autre toile de petite dimension, le jeune artiste, qui a pris le surnom de Many, représente le moment qui précède la scène sanglante de la décapitation. Holopherne, entièrement nu, s’est endormi sur les jambes de Judith qui le regarde. La jeune femme entrouvre d’une main la tente pour faire entrer sa servante. Le corps du général, fortement éclairé, contraste avec la pénombre ambiante du décor constitué d’un lit et de quelques accessoires. L’œuvre, brossée avec rapidité, laisse apparaître le dessin sous-jacent à l’encre et montre l’influence de Henner sur le style de Benner à ses débuts. La posture de la victime renvoie à celle des figures du Christ peintes par Henner vingt ans plus tôt. L’œuvre porte une dédicace au futur compositeur et chef d’orchestre Bernard Crocé-Spinelli. Ce dernier, à cette époque encore étudiant au conservatoire, remportera en 1897 le second Grand Prix de Rome avant de prendre la direction du conservatoire de Toulouse en 1902. 

Many Benner, qui participe régulièrement aux salons, remporte plusieurs médailles et voyage en Italie, en Grèce et en Espagne grâce à une bourse de l’État. Fidèle au souvenir de son maître, Benner prend la direction du musée national Jean-Jacques Henner à sa création en 1926, avenue de Villiers à Paris. Ce musée conserve, outre les œuvres de Henner, un bel ensemble de peintures et de dessins légué par Many Benner à son décès.

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