Charles-Marie BOUTON (1781-1853)

Intérieur d’église, vers 1835
Encre, aquarelle et gouache sur papier
15,5 x 22 cm
Signé en bas à gauche Bouton

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Charles-Marie Bouton revendiquait n’avoir jamais eu de maître, même si plusieurs de ses biographes le disent élève de Jacques-Louis David et de Jean Victor Bertin. Son style, proche de celui de François Marius Granet et d’Auguste de Forbin, marque également l’influence lyonnaise des premiers troubadours tels que Pierre Révoil et Fleury-Richard. Comme de nombreux peintres de son temps, Bouton fut fasciné par le musée des Monuments français créé par Alexandre Lenoir en 1795. Il choisit d’exposer une vue de La Salle des sculptures du XIVe siècle au musée des Monuments français pour l’une de ses premières participations au Salon en 1812. Cette œuvre est acquise par Joséphine de Beauharnais pour le château de Malmaison. À partir de 1822, Charles-Marie Bouton s’associe à Louis Daguerre pour la création du diorama. Constitué de gigantesques toiles translucides peintes, le procédé présente des paysages et des intérieurs d’églises ou de monuments dont l’aspect change en fonction de la lumière. Appelé « polyorama panoptique » par ses inventeurs, il connaît un très vif succès. La collaboration avec Daguerre influence la production de Bouton, qui délaisse la précision au profit de l’effet, à la manière du diorama.

Depuis l’entrée d’un vaste couloir d’église, sous une voûte gothique supportée par de lourds piliers romans, notre regard est d’abord attiré par la lumière qui s’échappe d’une baie sur la droite. L’éclairage permet de détailler deux gisants et trois sculptures adossées aux parois dans cette première partie de l’édifice. Sur un papier préparé en ocre, l’artiste a pris soin de tracer la moindre lézarde à la pointe de la plume et de marquer les zones de lumière avec de la gouache blanche. La perspective d’un pavement irrégulier, décentrée vers la gauche, nous guide ensuite vers un lointain plongé dans une pénombre bleutée. Là, de minuscules figures écoutent pieusement le sermon d’un prélat installé dans une chaire surélevée. Comme souvent chez Bouton, si les lieux peuvent évoquer certaines parties du musée des Monuments français ou s’inspirer de différents éléments d’architecture croisés à l’occasion de ses voyages, ils semblent néanmoins reconstitués et mis en scène avec un objectif de théâtralisation de l’espace.  

Les œuvres de l’artiste, telles que décrites dans les livrets du Salon, permettent quelquefois d’identifier un lieu ou une région mais sont le plus souvent issues de l’imaginaire du peintre. Véritables machines à voyager dans le temps, elles nous plongent dans un lointain passé médiéval toujours teinté de mystère.

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