Beniamino De FRANCESCO (1815-1869)

Étude de plantes, vers 1844
Huile sur papier marouflé sur toile
30 x 42,5 cm
Signé en bas à gauche B. De Francesco

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

«S’il est des artistes qui cherchent, par tous les moyens, le grand jour de la publicité et prennent autant de soin de leur renommée que de leurs œuvres, il en est d’autres que ce rayon trop vif effarouche et dont la modestie aime à se réfugier dans l’ombre, la louange les gêne comme s’ils ne la méritaient pas; ils s’excusent presque d’avoir du talent et rougissent d’une œuvre charmante comme d’un méfait. M. Benjamin de Francesco, le peintre napolitain, fut une de ces natures délicates et timides. […] Ce furent les plages, si pittoresques et si animées, d’une contrée où tout est poétique qui lui inspirèrent ses charmantes études, dont on reconnaîtra que plusieurs rivalisent heureusement avec les plus précieuses de Bonington. Mais, où il se montra sans rival, c’est dans les imitations de plantes et de fleurs, dans lesquelles l’artiste s’est identifié merveilleusement avec les plus fines délicatesses de ses modèles.» Ces quelques phrases, écrites par Théophile Gautier en 1870, servirent d’introduction au catalogue de la vente après décès des œuvres de son ami, le peintre Beniamino de Francesco. Natif de Barletta au sud de l’Italie, Francesco vient se former à l’Académie des BeauxArts de Naples dès l’âge de 17 ans. Après avoir reçu les leçons du peintre Anton Sminck Van Pitloo, il participe à l’école du Pausilippe et remporte de nombreux prix comme paysagiste avant de s’installer à Florence en 1838. Cinq ans plus tard, il quitte l’Italie et décide de tenter sa chance à Paris. Ses œuvres exposées au Salon à partir de 1843 reçoivent des commentaires souvent élogieux, même si certains critiques s’étonnent qu’un Napolitain ait pu choisir sans contraintes de vivre en Bretagne et de peindre sa nature. C’est effectivement dans cette région au climat si différent de celui de sa terre natale que le peintre décide de s’installer, un an après son arrivée en France. À Dinard, il se fait construire une maison-atelier entourée d’un jardin qu’il baptise la Villa Napoli. Comme le précise Théophile Gautier dans son introduction et comme le montre l’inventaire des œuvres de son fonds d’atelier, le peintre avait une affection très particulière pour les études de plantes réalisées sur le motif. Sur une feuille de papier préparée avec un fond ocre, l’artiste est venu détailler, tel un botaniste, un petit parterre végétal composé de plantes sauvages. Le regard s’arrête d’abord sur trois coquelicots au rouge intense qui dominent quelques fleurs de trèfle blanc, puis il s’accroche avec la lumière sur les feuilles argentées d’un chourbe, sur les tiges hautes d’un plantain lancéolé et sur quelques feuilles d’alchémille, avant de se perdre dans la pénombre de l’arrière-plan. Cette page délicate, devant laquelle on se sent insecte ou petit animal, évoque les belles études de Dürer et les maîtres flamands du XVIIe siècle.

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