Jean-Jacques CHAMPIN (1796-1860)

Paysage vu d’un jardin, entre 1837 et 1845
Huile sur papier marouflé panneau
30,7 x 50,5 cm
Signé en bas à gauche Champin

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Champin, prénommé Jean-Jacques en hommage à Rousseau, est le fils d’un graveur établi à Sceaux. Formé dans les ateliers de Félix Storelli puis d’Auguste-Jacques Régnier, il se spécialise dans le genre du paysage. En 1816, il découvre la lithographie et collabore avec Régnier à l’illustration de plusieurs ouvrages en traduisant sur la pierre les œuvres de son maître : Vues pittoresques des principaux châteaux et des maisons de plaisance des environs de Paris et des départements, publié en 1826, puis Les Habitations des personnages les plus célèbres de la France depuis 1790 jusqu’à nos jours, publié entre 1831 et 1835 et dont l’introduction est confiée à Charles Nodier. Sur l’invitation de ce dernier, Champin fréquente la bibliothèque de l’Arsenal et son salon littéraire où il côtoie Victor Hugo et Alexandre Dumas. À partir de 1823, le peintre entreprend de nombreux voyages, de la Bourgogne aux Pyrénées, puis dans les Alpes et jusqu’en Italie où il séjourne en 1830. Suite au décès de sa première épouse Céleste, il se remarie avec Élisa Honorine Petiet, artiste spécialisée dans les aquarelles de fleurs et de fruits. Ensemble, ils se rendent régulièrement au domaine de Sceaux où ils sont reçus par Napoléon Mortier de Trévise et son épouse. À cette époque, les paysages de Champin, réalisés principalement dans la région parisienne, s’illuminent et se colorent sous l’influence d’Élisa. Installé sur le motif depuis les hauteurs d’un jardin en pente, l’artiste profite de la déclinaison du terrain pour étager sur la feuille les différentes composantes de l’image : le cheminement fleuri d’un domaine où un jardinier s’affaire, un large panorama où la couleur ocrée des champs est dominée par deux collines bleutées et un vaste ciel au bleu masqué par la blancheur des nuages. Sur la droite, assise sur un banc de pierre, une femme vêtue de noir et de blanc tient dans sa main un livre. Il pourrait s’agir d’Élisa non pas en train de lire, mais plutôt de croquer les fleurs épanouies de ce jardin sur l’une des pages de son carnet à dessin. Ce paysage, tracé avec une grande liberté de touche propre à la peinture sur le motif, annonce indubitablement les œuvres impressionnistes et évoque les vues du jardin de Yerres peintes par Gustave Caillebotte cinquante ans plus tard.

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