Charles-Marie BOUTON (1781-1853)

Vendu

Vue du palais des Thermes, vers 1814
Huile sur toile fine marouflée sur carton
12 x 10 cm
Signé en haut à gauche Bouton
Œuvre en rapport : Vue du palais des Thermes, vulgairement appelés Bains de César, Salon de 1814

Vendu

Charles-Marie Bouton fut l’élève de Jean Victor Bertin et Pierre Prévost après avoir fréquenté l’atelier de Jacques- Louis David. Son style, quelquefois rapproché de celui de François-Marius Granet, rappelle surtout l’influence lyonnaise des premiers troubadours tels Pierre Révoil et Fleury-Richard. Fasciné par le musée des Monuments français créé par Alexandre Lenoir en 1795, Bouton choisit d’exposer une vue de la salle du XIIIe siècle de ce musée pour sa participation au Salon en 1812 ; l’œuvre fut achetée par Joséphine de Beauharnais. Pour l’édition suivante du Salon, en 1814, le peintre présente deux nouvelles toiles. Si l’une d’elles explore encore une fois l’un des espaces du musée des Monuments français et plus précisément une Vue intérieure de la salle du XVe siècle, la seconde permet à Bouton de s’intéresser à un autre site parisien chargé d’histoire : les thermes de Cluny.

Les thermes du nord, dits de Cluny, ont été construits à Lutèce entre la fin du Ier siècle et le début du IIe siècle sur la rive gauche de la Seine. D’une superficie d’environ 6000 m2, ce vaste ensemble de bains allait de l’actuel boulevard Saint-Germain à la rue des Écoles et jusqu’au boulevard Saint-Michel. En majeure partie détruit dès la fin du IIIe siècle, le site est plusieurs fois modifié jusqu’à la construction de l’hôtel particulier de Jacques d’Amboise, abbé de Cluny en 1485, aujourd’hui musée national du Moyen Âge. Lorsque Bouton peut découvrir les lieux vers 1810, seul le frigidarium, dont l’accès est situé rue de la Harpe, conserve sa voûte et témoigne de l’antique architecture des thermes. Le peintre se place dans l’axe de la pièce face à la haute fenêtre qui laisse pénétrer la lumière. À cette date, l’espace est occupé par un tonnelier et le peintre doit faire abstraction des éléments contemporains pour replonger les thermes dans une époque antérieure. Sur le principe de ses toiles inspirées par le musée des Monuments français, il choisit d’intégrer deux personnages en costumes de la Renaissance. Le premier, as- sis sur la gauche, dessine sous le regard du second. Au centre, sous l’ouverture, une sculpture évoque l’empereur Julien au- quel on attribue par tradition la construction des thermes. Le dallage de marbre noir et blanc résiste encore sous la voûte qui menace.

La toile de Bouton est remarquée pendant le Salon puis transférée au palais du Luxembourg. L’œuvre aujourd’hui considérée comme détruite ou perdue est connue par plu- sieurs gravures ainsi que par des copies qui attestent de son succès. Le peintre lui-même répète sa composition à l’identique sur une autre toile de très petit format. Cette nouvelle œuvre, dont les dimensions évoquent l’art de la miniature, contraste fortement avec l’original. Souvenir personnel ou cadeau destiné à un proche, cette réduction montre un souci du détail digne des moines copistes que l’artiste aimait à re- présenter marchant dans les couvents et les églises des temps passés.