Charles-Marie BOUTON (1781-1853)

Un intérieur d’église, vers 1815-1820
Huile sur toile fine marouflée sur carton
15,5 x 11,5 cm
Signé en haut à droite Bouton
Œuvre en rapport : Un intérieur d’église, Versailles, musée Lambinet

Vendu

En 1819, alors que Jacques-Louis David en exil tient à se tenir informé de l’état des arts en France, certains de ses anciens élèves lui écrivent que Charles-Marie Bouton est devenu «le premier du genre pour les intérieurs et la perspective ». Ces derniers évoquent également le grand nombre des imitateurs du peintre, faisant de lui le chef de file d’un nouveau genre qu’on nomme alors « Intérieur ». Récompensé par des médailles au Salon, Bouton connaît également un véritable succès auprès du public dont l’engouement pour les ruines et les vues d’architectures participe de l’émergence du romantisme.

Si certaines des œuvres de Bouton font directement référence à des lieux précis ou à des évènements historiques clairement énoncés, d’autres sont le fruit de recompositions imaginaires, le peintre utilisant différents motifs réels d’architecture pour les associer au gré de sa fantaisie. Un intérieur d’église peint sur une toile de petit format semble devoir être rangé dans cette deuxième catégorie. L’agencement général des lieux n’a pu être rapproché d’une église en particulier. Plaçant la scène dans le déambulatoire d’un édifice gothique aux lourds piliers, le peintre anime l’espace de quelques figures : deux pèlerins nous tournent le dos, un couple s’apprête à pénétrer dans le chœur et deux autres figures sont installées à la tribune sur la gauche. Vers le fond, un jubé richement décoré apparaît étrangement placé. Comme à son habitude, Bouton enrichit le décor de différents détails : statues adossées aux piliers, tableaux suspendus, blasons illisibles, etc. Grâce à l’existence d’une autre toile de composition et de dimensions presque identiques dans les collections du musée Lambinet à Versailles, nous savons que le peintre répétait en plusieurs exemplaires ces petits tableaux souvenirs. L’exemple des Thermes de Cluny, tableau de grande dimension décliné en petit format, peut laisser penser que ces miniatures reprenaient le sujet d’œuvres plus importantes en taille. Cependant aucune toile, telle que décrite aux livrets des salons, ne permet de faire un rapprochement évident avec la composition de cet Intérieur d’église.

À partir de 1822, Charles-Marie Bouton s’associe à Louis Daguerre pour la création du Diorama. Constitué de gigantesques toiles translucides peintes, le procédé présente des paysages et des intérieurs d’églises ou de monuments dont l’aspect change en fonction de la lumière. La collaboration avec Daguerre influence la production de Bouton qui délaisse peu à peu la précision de ses œuvres de jeunesse au profit de l’effet. Tout en poursuivant seul l’exploitation du diorama dans un autre espace après la destruction du site d’origine en 1839, Bouton expose régulièrement ses œuvres au Salon jusqu’à sa mort en 1853.

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