ANONYME, fin XVIIIe siècle
Les Muscadins, vers 1794-1795
Encre et gouache sur papier
20,5 x 15,5 cm
Vendu
La chute de Robespierre et sa mort le 10 thermidor (28 juillet 1794), marquent un tournant dans la Révolution française. La Convention allait enfin prendre le pouvoir et stopper les excès de la Terreur. Durant cette période de nombreux bourgeois se sont extrêmement enrichis. La nouvelle jeunesse dorée, royaliste, ne se cache plus. En réaction aux Jacobins « vêtus à la sauvage » ils arborent des tenues extravagantes et se parfument de musc, ce qui leur vaudra le surnom de Muscadins. Paradant dans Paris, ils font la chasse aux Sans-culottes et aux Jacobins armés de sabres et de gourdins ferrés.
Notre dessin représente deux muscadins se faisant face. L’artiste se moque de ces nouveaux dandys qui se battent contre les jacobins dans des tenues extravagantes. Leurs costumes sont exagérément resserrés, et leur confèrent un air frêle, le sabre du personnage qui nous fait face est démesurément grand, pour un jeune homme qui ne saurait probablement pas s’en servir. Ce personnage pose la main sur son chapeau apparemment surpris, par ce que lui montre l’individu qui nous tourne le dos : Une autre forme de sabre…
Ce dessin non signé, doit être mis en rapport avec une caricature anonyme de la même époque représentant trois contre-révolutionnaires. Le sujet, les caractéristiques physiques sont identiques; on y retrouve également le sabre disproportionné de notre aquarelle.
Nombre de ces caricatures sont anonymes. Certains artistes comme David prendront des pseudonymes pour leur publication. Peu de temps après, sous le Directoire, cette mode vestimentaire extravagante se répandra dans la société. On nomma alors leurs porteurs : les Incroyables et les Merveilleuses. Louis-Léopold Boilly et Carle Vernet en feront de nombreuses caricatures reproduites en gravures et très appréciées de la population.