Henri-Joseph HARPIGNIES (1819 -1916)

Rome, bords du Tibre, 1851
Aquarelle sur papier
14 x 42 cm
Localisé, daté et titré en bas à gauche Rome 1851 / Bords du Tibre 
Signé en bas à droite HJ Harpignies

Acquisition par la Fondation Custodia, Paris

Henri Harpignies naît le 28 juillet 1819 à Valenciennes dans une famille de la grande bourgeoisie originaire de Mons. S’il aime très tôt dessiner, il ne découvre que tardivement sa vocation artistique après une première carrière dans les entreprises de son père. C’est finalement à la suite d’un voyage de neuf mois, pendant lequel il traverse la France, qu’il décide d’intégrer à l’âge de vingt-sept ans l’atelier du peintre Jean-Alexis Achard. Avec son maître, il découvre le Dauphiné et les Flandres tout en s’exerçant à la gravure sur cuivre. À partir de 1848, il entreprend de nombreux voyages en Allemagne et aux Pays-Bas avant de découvrir l’Italie. À Rome en 1851, il fréquente la Villa Médicis et ses pensionnaires avec lesquels il peut parcourir la campagne du Latium en quête de sujets. De cette époque date son affection particulière pour l’aquarelle comme il l’écrit dans son journal commencé en 1876 : « c’est dans cette année 1851 que j’ai commencé à faire sérieusement de l’aquarelle. On ne m’a jamais rien montré, je suis parti tout seul. J’ai procédé par les neutres sur une forme très serrée. » 

Rome, bords du Tibre est probablement l’une de ses toutes premières aquarelles. Le site est connu et fréquenté par les artistes qui l’ont surnommé « la promenade du Poussin ». Ce nom vient du fait que Nicolas Poussin, appréciant particulièrement ce lieu près de Rome, venait s’y promener et en intégra des vues dans plusieurs de ses toiles. Corot, vers 1825, s’y était déjà arrêté pour peindre le site à l’huile sur papier. Il existe plusieurs œuvres de Harpignies réalisées sur ce point du fleuve en 1851. Le plus souvent, il traite son sujet sur un format horizontal très étiré, d’une aquarelle peu diluée, sans ajout de figure ou autre sorte d’animation. Dans son journal il ajoute : « C’est bien là, le pays que j’avais rêvé […]. J’aimais la forme, elle existe là par excellence comme partout dans la campagne romaine ; c’est là que je l’ai bien comprise, et elle a été mon guide pendant toute ma carrière. »

De retour en France en 1852, Harpignies séjourne régulièrement à Barbizon et fréquente de plus en plus Corot qu’il considère comme son maître. Les deux artistes se lient d’une profonde amitié et retournent ensemble en Italie quelques années plus tard. Harpignies doit attendre 1861 pour connaître son premier grand succès au Salon avec Lisière de bois sur les bords de l’Allier. L’artiste repart régulièrement en Italie les années suivantes et ses différents séjours lui inspirent un grand nombre d’œuvres qu’il expose au Salon : Rome vue du mont Palatin présentée en 1865, Vue prise dans les jardins de l’Académie de France à Rome en 1866. À partir de 1870, il continue d’exposer des peintures et des dessins, d’inspiration italienne mais réalisés dans son atelier parisien. Les titres de ces œuvres sont dès lors précédés du mot « Souvenir».