Paul GUIGOU (1834-1871)

Vendu

Paysage provençal, vers 1860-1862
Huile sur papier marouflé sur toile
24 x 32,5 cm
Signé en bas à droite Guigou

Vendu

Né à Villars dans le Vaucluse, au sein d’une famille aisée de notaires et d’agriculteurs, Paul Guigou découvre au collège d’Apt son goût pour le dessin. Son premier professeur, un certain « Camp », percevant le talent de son jeune élève, lui conseille très tôt de travailler sur le motif. Destiné à prendre la succession de son oncle notaire, Guigou débute comme clerc dans une étude marseillaise en 1854 et pratique la peinture en amateur. L’année suivante, il se rend à Paris pendant l’Exposition universelle et découvre les œuvres de Gustave Courbet. Le peintre d’Ornans exerce alors une forte influence sur la vocation de Guigou et sur le style de ses premiers paysages. De retour à Marseille, il fait la connaissance du peintre Prosper Grésy. Ce dernier lui présente Émile Loubon, chef de file de l’école de Marseille, qui l’invite à participer aux salons de peinture dont il organise les expositions chaque année. 

Durant cette première période de création, Paul Guigou parcourt la Provence avec son chevalet pour peindre dans les environs de Marseille, près de l’Estaque ou de l’étang de Berre, dans la plaine de la Crau et sur les bords de la Durance. Adepte de la peinture à l’huile sur papier, Guigou tente de capter l’esprit de sa Provence natale en se confrontant directement au motif. Probablement installé sur les bords de la Durance, il trace sur la feuille, préparée en rose orangé, les contours d’un rivage terreux sur lequel les herbes s’accrochent. Du plat d’un couteau, il creuse l’argile ocre-rouge et étale le mince filet d’eau bleu de la rivière asséchée par l’été. Dans la partie supérieure, une fine couche de peinture bleu-mauve laisse largement transparaître la couleur de la préparation qui illumine le ciel du Midi. La composition évite tout élément anecdotique : rien ne vient animer cette nature dont la matière semble la seule préoccupation de l’artiste.   

À la mort de Loubon en 1863, Paul Guigou quitte Marseille et décide de se fixer à Paris où trois de ses toiles viennent d’être acceptées au Salon. Dans la capitale, il se lie d’amitié avec Frédéric Bazille, originaire de Montpellier, fréquente Alfred Sisley et Claude Monet, les futurs maîtres de la peinture impressionniste. Si le tumulte de la vie parisienne semble lui convenir, chaque année Guigou profite de l’été pour regagner ses terres méridionales et peindre en plein air. Le peintre expose à chaque édition du Salon jusqu’en 1870, année de la déclaration de guerre franco-prussienne. Incorporé au camp des Alpines dans les Bouches-du-Rhône, il échappe à la période trouble de la Commune. La paix revenue, le peintre accepte un poste de professeur de dessin auprès de la baronne Charlotte de Rothschild. Malheureusement, frappé d’une congestion cérébrale, il n’a pas le temps de prendre ses fonctions et meurt prématurément en décembre 1871.