Henri LEHMANN (1814-1882)

Femme nue de dos, étude pour Au bord du Gave, 1861
Huile sur panneau d’acajou
12 x 28 cm
Signé du monogramme et daté en haut à droite et en bas à gauche H.L. / 1861

Acquisition par la Fondation Custodia

Parmi les nombreux élèves de Jean-Auguste-Dominique Ingres, Henri Lehmann est peut-être l’un des meilleurs, tant il semble avoir intégré et assimilé le style de son maître. Après s’être formé à Rome auprès de ce dernier à partir de 1839, le jeune artiste d’origine allemande retourne à Paris en 1842 pour entamer une carrière officielle. Couronné de nombreuses récompenses, le peintre se voit confier de prestigieuses commandes tels les décors de l’église Saint-Merri ou ceux de l’Hôtel de Ville de Paris. En parallèle, il se lie d’amitié avec Marie d’Agoult et Franz Liszt, dont il peint les portraits. 

En 1856, Lehmann acquiert une parcelle de terrain au numéro 23 de la rue Balzac dans le quartier du Faubourg-du-Roule, non loin des Champs-Élysées. Il y fait construire un hôtel particulier dont il se charge lui-même de concevoir les décors entre deux commandes. Chaque pièce se voit confier un programme d’inspiration allégorique. Pour une salle non identifiée, il peint deux dessus-de-porte, en pendants, devant recevoir chacun un thème aquatique : Au bord de la mer et Au bord du Gave. La première composition représente Ariane abandonnée et étendue sur un rocher à Naxos, la seconde une femme nue, toute en courbes, de dos et allongée sur des étoffes rouges devant une rivière. En peignant un nu de dos, Lehmann se place dans la continuité d’Ingres, et de sa célèbre Grande Odalisque, mais aussi de son contemporain Gustave Courbet. Les raisons exactes de l’attachement de Lehmann pour le Gave, un cours d’eau des Pyrénées occidentales qui passe à Lourdes et à Pau, ne peuvent à ce jour qu’être spéculées mais l’on sait que l’artiste se rendait fréquemment les étés dans le sud-ouest de la France : à Pau en septembre 1858 ; dans les Hautes-Pyrénées en 1860 ; et à Luz-Saint-Sauveur en août 1861. Pour définir la composition de son tableau, Henri Lehmann réalise en 1861 plusieurs études dont une à l’huile sur un panneau de petit format. La figure y est représentée complètement nue et sans accessoires alors que dans la composition définitive elle apparaîtra drapée et tenant un livre dans sa main droite. Une autre esquisse, plus aboutie et légèrement plus grande – 21 x 37 cm –, est répertoriée dans le catalogue raisonné de l’œuvre de Lehmann de Marie-Madeleine Aubrun de 1984 mais non localisée aujourd’hui. Il existe également plusieurs dessins préparatoires, passés en vente publique à Angers en 1980 et présentés dans une exposition à Londres chez Hazlitt, Gooden & Fox du 10 juin au 10 juillet 1980. 

Le livre de raison de l’artiste indique que ce tableau définitif a été commencé en décembre 1861 et terminé un an plus tard au mois de décembre 1862. Lehmann continuera à décorer lui-même cet écrin qui a aujourd’hui malheureusement disparu. Prenant la succession d’Isidore Pils, il enseignera à l’École des Beaux-Arts de Paris de 1875 à 1881 où il aura notamment pour élèves Georges Seurat et les symbolistes Alexandre Séon et Alphonse Osbert. Il meurt à Paris en 1882.

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