Raymond BALZE (1818-1909)
Jeune romaine, vers 1840
Huile sur toile
41 x 33 cm
Porte sur le cadre d’origine le cartel Balze / Jeune Romaine
Vendu
Fils de Joseph Balze, grand chambellan du roi d’Espagne en exil, Raymond Balze naît à Rome en 1818. Son père l’envoie avec son frère aîné Paul à Paris en 1832 pour étudier auprès de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Ils ne retourneront à Rome qu’une fois leur maître nommé directeur de la Villa Médicis, entre 1835 et 1841. Dans sa correspondance, le génie de Montauban appelle affectueusement les Balze, les Flandrin et Ambroise Thomas ses « enfants » ou ses « fils » (1). La proximité familiale entre les Balze et Ingres s’explique car Joseph Balze aida le peintre en difficulté après la chute de l’Empire à trouver des commandes. Le séjour romain de Paul et Raymond les fait pleinement entrer dans la vie artistique et politique parisienne de la monarchie de Juillet. Si Paul se spécialisera davantage dans les copies d’après les maîtres de la Renaissance italienne, et plus particulièrement Raphaël, Raymond, au contraire, préféra les œuvres de composition.
À la fin de son séjour romain, Raymond Balze réalise le portrait d’une Romaine. Suivant le goût des Français à Rome, tel Guillaume Bodinier, Balze y trouve l’occasion de s’intéresser aux détails de son costume pittoresque. La jeune femme, qui nous regarde tranquillement, prend la pose et paraît s’accouder à même le cadre. Ses cheveux noirs sont retenus grâce à une épingle et à un léger foulard noir. Sa robe consiste en une chemise orangée vaporeuse couverte d’une écharpe rouge. Deux boucles d’oreille et un collier de corail agrémentent sa tenue. Comme nous l’apprend leur vente d’atelier (2), les frères Balze ont représenté à plusieurs occasions les femmes de la péninsule italienne. De la leçon ingresque, Raymond Balze retient dans le portrait l’idée d’affiner le traitement du visage tout en laissant plus inachevés le corps, le costume ainsi que fond. Dans cette œuvre, le décor traité rapidement et avec énergie évoque les arrière-plans des meilleurs peintres romantiques réalisés quelques années plus tôt.
De retour à Paris, Raymond Balze sera lauréat lors de la première épreuve du concours de 1848. Avec sept autres élèves, il collabore aussi au décor de l’Hôtel de Ville de Paris commandé à Ingres. Depuis une vingtaine d’années, son œuvre est mieux connu et distingué de celui de son frère grâce à l’acquisition de plusieurs de ses tableaux par les musées de Montauban et de Beauvais, à la dispersion de l’atelier en vente publique, et au catalogue de l’exposition Les élèves d’Ingres (3)
(1) Jean-Marc Vasseur, « Paul Balze, décors retrouvés de la chapelle Sainte-Marie de Chaalis dans l’église de Fontaine-Chaalis », Groupe d’Etude des Monuments et Œuvres d’art de l’Oise et du Beauvaisis (GEMOB), Bulletin n° 135, 2008, p. 13.
(2) Vente d’atelier, 15 février 1998, Vendôme, Hôtel des Ventes (chez Rouillac ; experts Bodin et Millet). Il s’agissait principalement d’œuvres graphiques, manuscrits, correspondances ainsi que de quelques huiles. Les œuvres de Raymond Balze correspondent aux lots 106 à 216 ; et celles de Paul aux lots 217 à 307. Voir : Lugt 3221.
(3) Georges Vigne, Les élèves d’Ingres, cat. exp., Montauban, musée Ingres, 8 octobre 1999-2 janvier 2000 et Besançon, musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, 29 janvier-8 mai 2000.