Marià FORTUNY i MARSAL, dit Mariano FORTUNY (1838-1874)
Autoportrait d’après le buste de l’auteur par Vincenzo Gemito (1852-1929), vers 1874
Encre sur papier
25 x 15,5 cm
Signé en bas à droite Fortuny
Présence d’une étude de même sujet au verso
Vendu
Peintre orientaliste né en 1838 en Catalogne, Marià Fortuny i Marsal fait ses études à l’école des Beaux-Arts de Barcelone. Récompensé en 1857 par l’Académie pour son tableau représentant Raymond Bérenger III plantant l’étendard de Barcelone sur la tour du château de Fos, le peintre reçoit une bourse qui lui permet de séjourner pendant deux ans à Rome. À son retour, il est chargé d’une mission officielle au Maroc pour illustrer la guerre coloniale. Durant ce voyage, Fortuny accumule les esquisses de paysages dans lesquelles il étudie la lumière et revient en Espagne chargé d’objets, de céramiques et d’armes mauresques qui lui serviront de modèles pour ses œuvres. Ayant choisi la voie de la peinture orientaliste, Fortuny se rend à Paris pour compléter sa formation auprès de Jean-Léon Gérôme. À cette époque, il commence à travailler pour l’imprimeur Goupil et rencontre le jeune Henri Regnault encore étudiant à l’École des Beaux-Arts. Devenu célèbre, le peintre partage sa vie entre l’Espagne, la France et l’Italie.
Pendant l’été 1874, Fortuny s’installe entre Naples et Portici pour peindre sur le motif et fait la connaissance de Vincenzo Gemito, un jeune sculpteur de vingt-deux ans. Impressionné par son talent, il lui commande d’abord le portrait de sa fille Maria Luisa avant que le sculpteur ne lui demande l’autorisation de réaliser son portrait. Grâce à la correspondance de Fortuny, nous savons que le modèle passe plusieurs fois voir Gemito dans son atelier et assiste à l’élaboration de son buste. Dans une lettre envoyée le 13 octobre 1874 à son ami José Domingo Irureta Goyena, le peintre évoque ce buste : « Un garçon napolitain, très talentueux mais bohème, a insisté pour faire mon buste, plutôt bien, et puisque mon portrait se tient, je vais l’utiliser pour un nid d’oiseau que j’ai dans mon atelier à Séville, je t’envoie un croquis en-tête de la lettre. » Fortuny, qui semble avoir apprécié son portrait, le dessine à plusieurs reprises, seul ou mis en scène. Un autre dessin à l’encre reprend presque à l’identique la composition du croquis qui illustre la lettre à Goyena. Placé au centre de la feuille, le buste est installé de profil sur un mur envahi par la végétation. Comme évoqué dans sa description, son épaisse chevelure est entourée d’oiseaux venus y faire leur nid. Le dessin rapide mais fouillé joue sur un effet d’ombre et de lumière accentué par un réseau de hachures fait à la manière d’un graveur.
Gemito a modelé son buste en terre crue dans le but de faire un moule et de pouvoir l’éditer plus tard en cire et en bronze. Malheureusement, Fortuny contracte le paludisme et meurt le 21 novembre 1874 à l’âge de trente-six ans. À la demande de sa famille et de ses amis, le buste est envoyé à Rome pour une rétrospective posthume en janvier 1875. Finalement fondu en bronze, l’œuvre de Gemito orne encore le monument funéraire de Fortuny dans le cimetière de Campo Verano à Rome.