Eugène DEVÉRIA (1805-1865)
Octave, Scapin et Léandre, 1829
Lavis d’encre et gouache blanche
18,5 x 15,5 cm
Signé en bas à gauche
Vendu
Cette scène des Fourberies de Scapin de Molière montre Octave et Léandre retrouvant le facétieux Scapin. Léandre, furieux, veut lui passer son épée au travers du corps mais Octave s’interpose et Scapin, effrayé, finit par avouer une partie de ses méfaits. Les acteurs en costume de la commedia dell’arte sont tracés à l’encre et relevés de gouache blanche, par Eugène Devéria sur un fond au lavis. En 1829, Les Fourberies de Scapin, toujours au programme du « Français » était interpré- tée par trois sociétaires de la Comédie-Française : Bouchet jouant Octave, Mircour, Léandre et Monrose le rôle-titre de Scapin. Une peinture de Julien Potier, datée de cette année-là, illustre la scène, avec les mêmes acteurs dans des costumes presque identiques. Seule différence iconographique notable : le décor. Chez Potier, les acteurs se querellent dans les rues de Naples, reconnaissable à son emblématique volcan d’où s’échappe une fumée menaçante, alors que chez Devéria, ils jouent la même intrigue mais dans un espace intérieur qui ne correspond en rien au décor canonique. Eugène Devéria, grâce au succès de sa Naissance d’Henri IV deux plus tôt au Salon de 1827, apparaît comme l’un des meilleurs espoirs du jeune mouvement romantique en peinture. Son frère aîné, Achille, est un dessinateur et lithographe talentueux qui réalise les portraits de nombreux artistes et intimes, tels que Victor Hugo, Prosper Mérimée, Franz Liszt ou Alexandre Dumas. Cette année-là, justement, Dumas fait jouer pour la première fois sa pièce Henri III et sa cour à la Comédie-Française. Achille en illustre par la lithographie l’une des scènes principales. Eugène Devéria, fort de ses amitiés littéraires et théâtrales, peut sans encombre accéder au revers du décor et assister aux répétitions des autres pièces programmées en parallèle de celle de Dumas. Ce fut le cas pour ce passage des Fourberies de Scapin, où l’on peut voir les trois acteurs répéter la troisième scène du deuxième acte, loin des planches, installés dans une salle simplement meublée d’un rideau et d’un paravent.