Eugène CARRIÈRE (1849-1906)
Les filles de l’artiste jouant avec un cheval de bois, vers 1878-80
Encre sur papier
24,5 x 17 cm
Signé en bas à gauche Lettre de Madame Carrière au verso
Vendu
Les œuvres d’Eugène Carrière ont toutes quelque chose d’un souvenir évanescent. Cela tient bien sûr aux couleurs de ses peintures ou plutôt à leur absence. D’un brun, brou de noix dilué, ses toiles en dehors de quelques portraits évoquent le plus souvent l’enfance et l’amour maternel. Son épouse, Sophie Desmouceaux, lui donna sept enfants, dont le premier fut une fille. Élise, surnommée Lisbeth dès sa naissance en 1875, servit de modèle récurrent à son père et devint elle-même peintre sous le nom de Lisbeth Delvolvé-Carrière.
Sur une feuille de papier, l’artiste a répété à l’encre l’image de deux de ses filles, dont la plus grande pourrait être Lisbeth âgée de trois ou quatre ans. Dans un rectangle, vers le haut, il a esquissé un début de composition pour une probable peinture à venir. La plus jeune, assise, fait face à son aînée qui s’incline vers elle. Tout autour, les deux enfants s’amusent, embrassant tendrement un cheval de bois alors qu’en bas de la page, près de la signature du père, leur mère fait de la couture à la lumière d’une lampe. Si l’on retourne la feuille, on découvre une lettre de la main de cette mère aimante, rédigée un 19 avril à Paris. Elle est adressée à une tante que la famille Carrière vient de quitter à la campagne. L’épouse évoque avec bienveillance le travail de son mari, et avec admiration sa prochaine œuvre pour le Salon. Tableau familial spontané, lettre et dessin composent un ensemble qui donne des Carrière l’image d’un foyer aimant.