Richard REDFERN (1846-1921)
Le Nid, 1862
Aquarelle, encre et gouache sur papier
19,2 × 27 cm
Signé et daté en bas à gauche R. Redfern/1862
Vendu
Richard Redfern, né en 1846 à Stockport près de Manchester, est fils de commerçants anglais. Sur sa jeunesse et son apprentissage, nous n’avons aucune information si ce n’est que, développant depuis l’enfance un intérêt pour les arts, il pratique le dessin à l’adolescence. Une aquarelle, datée de 1862, témoigne de sa précocité et de son talent. Le jeune artiste, qui n’a alors que seize ans, use avec maîtrise du pinceau pour composer une nature morte brillante et sensible. Un nid contenant trois œufs bleutés est posé dans une niche en bois à côté de quelques fleurs, de deux lourdes branches et de morceaux d’écorces recouverts de mousse. Ces différents éléments, traités avec l’exigence qu’aurait pour eux un naturaliste, ont été rassemblés là par le jeune peintre en vue d’une étude minutieuse. Redfern restitue avec soin, grâce à l’aquarelle, la moindre brindille enchevêtrée du nid puis trace le réseau des cernes du bois dans toute sa variété, avant de détailler chaque pétale de genêt épineux. Deux vieux clous rouillés plantés depuis longtemps apparaissent lorsque le regard, captif, finit par se noyer dans l’image.
La thématique du nid d’oiseau, récurrente dans l’art anglais du xixe siècle, est parfois associée à la symbolique chrétienne de l’œuf comme symbole de la résurrection. Le peintre William Henry Hunt (1790-1864), célèbre aquarelliste membre de la Royal Watercolour Society depuis 1827, a produit de nombreuses œuvres illustrant ce sujet. Considéré par John Ruskin comme un maître de la nature morte, ce peintre avait la capacité de retranscrire sur le papier toute l’étendue des transparences, reflets et textures que lui offraient les objets posés devant lui. La proximité de l’œuvre de Redfern avec celles de ce maître tend à suggérer que, s’il ne fut pas l’élève de ce dernier, il eut très tôt l’occasion d’étudier son travail. De sa jeunesse, il existe une autre aquarelle aujourd’hui conservée dans la collection des Stockport Heritage Services. Datée de 1863, elle représente également une nature morte au cadrage resserré, composée d’une prune, d’une poire et d’une grappe de raisin mêlées à du lierre.
Par la suite, Richard Redfern participe à de nombreuses manifestations artistiques dont celles de la Summer Exhibition de la Royal Academy entre 1874 et 1889, mais aussi à celles de the Agnew Gallery, du Royal Institute of Painters in Watercolours de la Walter Art Gallery de Liverpool ainsi qu’à la Manchester City Art Gallery. Il semble qu’à cette époque l’artiste soit installé à Manchester, au nord de l’Angleterre, dans la région de ses origines. À Coniston, en 1905, il s’associe à la première exposition d’une nouvelle société d’artistes, The Lake Artists Society, fondée par William Gershom Collingwood, écrivain, artiste et ancien secrétaire de John Ruskin. Les œuvres qu’y expose Redfern sont principalement des paysages typiques du goût victorien.