Henri LEHMANN (1814-1882)

Vendu

Une océanide, vers 1846-1850 
Huile sur panneau
24 × 13 cm
Signé du monogramme en bas à gauche HL

Vendu

Henri Lehmann commence sa formation artistique en Allemagne auprès de son père Leo Lehmann, avant d’entrer dans l’atelier d’Ingres en 1831 à Paris. En raison de sa nationalité étrangère, Lehmann ne peut concourir au prix de Rome et part à ses frais, en 1838, rejoindre son maître, alors directeur de l’Académie de France à Rome. En Italie où il passe quatre années, il retrouve ses amis de l’atelier, les frères Flandrin et Michel Dumas. Revenu à Paris en février 1842, il entame une carrière officielle rapidement couronnée de succès. Peintre d’histoire et portraitiste renommé, Lehmann reçoit de nombreuses commandes de décors pour des édifices parisiens tout en participant annuellement au Salon. 

En 1846, dans son atelier du 17, rue des Marais-Saint-Germain, actuelle rue Visconti, située à quelques pas de l’École des beaux-arts, le peintre travaille sur l’une des œuvres qu’il doit présenter au prochain Salon. La toile qui sera exposée sous le titre Océanides illustre les vers d’Eschyle tirés de la tragédie antique du Prométhée enchaîné : « Un nuage gonflé de larmes vient charger mes yeux à l’aspect de ton corps qui se dessèche sur la pierre et se consume dans ces nœuds d’airain. » Les océanides sont dans la mythologie grecque des divinités marines, filles d’Océan et de Téthys. Le titan Prométhée avait épousé l’une d’entre elles, Pronaïa, et lorsque celui-ci fut condamné par les dieux pour avoir offert le feu aux hommes, elles vinrent former un chœur de désolation autour du supplicié. Au milieu des eaux, au sommet d’un pic rocheux, Prométhée fut enchaîné et condamné à avoir le foie dévoré par un aigle pour l’éternité. Si Hésiode dans sa théogonie dénombre quarante et une océanide, le peintre choisit de n’en représenter que onze sur la toile. Dix se lamentent à la base du rocher tandis que la onzième, suspendue dans les airs, se détache isolée au centre de la composition. Le détail de cette figure est repris par Henri Lehmann comme sujet autonome pour une petite peinture à l’huile sur panneau traité avec le raffinement d’une plaque de porcelaine. Le corps d’albâtre de la jeune femme, représenté nu et de profil, semble flotter aux dessus de la mer ; ses deux bras repliés derrière la nuque retiennent sa chevelure d’un blond doré où se mêlent des guirlandes de perles. Le visage dirigé vers le ciel, elle entrouvre les lèvres pour entonner son chant de douleur. 

Quatre ans plus tard, le peintre reprend la composition générale des Océanides pour une nouvelle toile de très grand format. Cette fois le titre est plus détaillé et l’œuvre est acquise par l’État pour le musée du Luxembourg. En 1855, Lehmann connaît la consécration lors de l’Exposition universelle qui se tient à Paris. Vingt et une de ses œuvres sont alors rassemblées dans le pavillon consacré aux beaux-arts dont la Désolation des Océanides au pied du roc de Prométhée. Devenue depuis la propriété du Louvre, elle fut déposée en 1910 au musée départemental des Hautes-Alpes à Gap où elle est visible aujourd’hui.