Pierre-Jérôme LORDON (1779-1838) 

Vendu

Raphaël présenté au Pérugin, vers 1820-1825
Huile sur toile
55 × 44 cm
Signé en bas à gauche Lordon 

Vendu

Né en 1779, Pierre-Jérôme Lordon est le fils d’un négociant installé en Guadeloupe. Adolescent, il est envoyé à Paris par son père et intègre à treize ans l’École centrale des travaux publics, future École polytechnique. Son professeur de dessin, le peintre François-Marie Neveu, décèle très tôt ses talents artistiques et l’incite à poursuivre dans cette voie. Après avoir rejoint l’atelier de Pierre-Paul Prud’hon dont il devient l’ami fidèle, Lordon fait ses débuts au Salon de 1806. Il reçoit une médaille d’or pour son interprétation de La Communion d’Atala, inspirée du roman de Chateaubriand, présentée au Salon de 1808. Sous la Restauration, le peintre sacrifie à la vogue des thèmes dits troubadour. Bien que les livrets des salons ne les mentionnent pas, il semblerait que Lordon expose au cours des années 1820 plusieurs d’œuvres illustrant la vie du peintre Raphaël. La galerie Lebrun mentionne en 1826, dans L’Explication des ouvrages de peinture exposés au profit des Grecs, une toile de Lordon titrée Raphaël et la Fornarina. Cinq ans plus tard, le Dictionnaire des artistes de l’école française de Charles Gabet évoque, lui, « plusieurs petits tableaux » que Lordon aurait exposés au Salon dont une Mort de Raphaël et un Raphaël chez le Pérugin

Si les œuvres du plus célèbre des peintres de la Renaissance italienne ont donné lieu régulièrement à des copies, sa vie elle-même devient l’objet d’un culte et gagne le droit d’être racontée sur toile à l’égal de celles des saints et des rois. Pour ce faire, les peintres puisent principalement dans la série de biographies de Giorgio Vasari publiée à partir de 1550. Dans la quatrième partie des Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, un chapitre est consacré au « divin Raphaël ». Le thème de la mort de Raphaël d’abord régulièrement traité dans les premières années du siècle laisse place à une iconographie empruntée au quotidien du peintre. En 1822, Alexandre Menjaud expose une toile simplement titrée Raphaël mais dont le livret détaille le sujet : « Raphaël, à peine âgé de quinze ans, est présenté par son père à la duchesse d’Urbin, qui lui donne une lettre de recommandation pour aller étudier la peinture chez le Pérugin. »

Lordon choisit de représenter la rencontre du jeune artiste et de son nouveau maître. Encore accompagné de son père, Raphaël enfant ouvre son carton de dessins devant le Pérugin. Ce dernier, sévère, interrompt son travail pour regarder les feuilles tracées à la sanguine. Sa haute figure se détache devant une toile posée à même le sol qui reprend la partie supérieure (en inversé) de La Vierge en gloire et saints, actuellement conservée à la pinacothèque de Bologne. Sur la gauche, à l’arrière-plan, d’autres élèves plus âgés épient la scène. Pour cette œuvre marquée par l’influence de Prud’hon dont on retrouve les couleurs souvent acides, Lordon exagère, aux dépens de la justesse, le maniérisme de ses figures aux corps étirés.