Charles THÉVENIN (1764-1838) 

Portrait du graveur André-Benoît Barreau, dit Taurel, vers 1820
Huile sur toile
65 × 53,5 cm

Vendu

Issu d’un milieu modeste, André-Benoît Barreau, dit Taurel, naît à Paris le 6 septembre 1794. À l’École des beaux-arts, il étudie auprès du peintre néo-classique Pierre-Narcisse Guérin avant d’intégrer l’atelier du graveur Charles-Clément Bervic sous la direction duquel il obtient le prix de Rome de gravure en 1818. Comme tous les lauréats, il se rend à Rome pour parfaire sa formation à la Villa Médicis alors nouvellement dirigée par le peintre Charles Thévenin. Ce dernier, ancien élève de François-André Vincent, vient d’être nommé à la tête de l’Académie de France à Rome en remplacement de Guillaume Guillon Lethière. Les deux hommes s’apprécient et le jeune graveur fréquente régulièrement la famille du directeur. Rapidement il tombe amoureux d’Henriette-Ursule Claire, la fille adoptive de Charles Thévenin, qu’il épouse en juin 1819. À cette époque Jean-Auguste-Dominique Ingres, ancien pensionnaire toujours présent à Rome, réalise un saisissant portrait dessiné du jeune graveur. Représenté de face à mi-corps et très élégamment vêtu, Taurel nous regarde fièrement à travers ses lunettes. Derrière lui, sur la droite, la façade de la Villa Médicis apparaît en contrebas de la terrasse sur laquelle le modèle s’est installé. 

Peu de temps après, Taurel reprend la pose, mais cette fois sous le regard de son beau-père. Une année ou deux ont passé ; sa fière chevelure s’est légèrement estompée, découvrant un peu plus son front. Assis à sa table de travail, il conserve ses lunettes, outil indispensable à la précision de l’art du graveur. L’œuvre n’est plus un dessin, mais une toile de bon format. Habillé d’une veste verte et d’un gilet jaune, le jeune homme tient dans sa main droite un stylet. Son visage, éclairé par le col blanc relevé de la chemise, se détache sur un fond gris-vert. Taurel ne nous fixe plus du regard, mais tourne la tête, tendre et pensif vers la gauche ; peut-être sa jeune épouse se trouve-t-elle près de lui mais en dehors du cadre. 

De retour à Paris en 1823, le couple Taurel s’installe rue de Bourbon. L’année suivante l’artiste expose au Salon un ensemble de portraits gravés représentant Sextus Pompée, le Tasse, Molière et Jean-Jacques Rousseau. Ingres, qui vient de revenir d’Italie pour présenter officiellement son Vœu de Louis XIII, est un temps hébergé par le couple. De son côté, Charles Thévenin est élu membre de l’Académie des beaux-arts puis nommé conservateur du Cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. Après cinq années passées en France, Benoît Taurel est invité par le roi de Hollande à prendre le poste de directeur de la gravure à l’Académie des beaux-arts d’Amsterdam. Il conserve ce poste jusqu’à sa mort en 1859. Trois de ses fils, Édouard, Augustin et André, suivront ses traces en devenant eux-mêmes des graveurs reconnus en Hollande. 

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