Édouard DETAILLE (1848-1912)

Vendu

Officier de hussards britanniques, vers 1869
Encre noire et aquarelle sur papier
11 x 9 cm
Signé du monogramme dans la tache d’encre ED
Cachet du monogramme en bas à gauche ED.

Vendu

Édouard Detaille grandit au sein d’une famille dont plusieurs membres ont fait carrière dans l’armée. Doué d’un talent précoce pour le dessin, il est soutenu dans cette voie par son père, collectionneur et artiste amateur proche d’Horace Vernet, et entre dans l’atelier « officieux » d’Ernest Meissonier en 1865. Le choix de ce maître, influencé par un certain contexte familial, le destine à une carrière de peintre militaire. Detaille débute deux ans plus tard au Salon et expose sa première grande peinture à sujet militaire, La Halte des tambours, en 1868. Cette œuvre, achetée par la princesse Mathilde, remporte un grand succès critique et lance la carrière du peintre de manière aussi soudaine que fulgurante. Le 10 juillet de l’année suivante, Édouard Detaille est entouré de sa famille dans leur maison de Saint-Germain, lorsque son père décède brutalement d’un arrêt cardiaque. La proximité des deux hommes et leur complicité artistique laissent le jeune peintre désemparé face à cette perte. Investi du devoir de prendre la place de chef de famille, Édouard Detaille se charge de toutes les démarches nécessaires à l’obtention d’une pension pour son jeune frère Julien. À cette fin, un mois plus tard, il quitte la France pour l’Angleterre et arrive à Londres le 16 août 1869. 

Dans une lettre, Detaille écrit « J’aime les Anglais et la vie anglaise ». Ce séjour de moins de deux semaines, aussi bref que stimulant, est l’occasion de réaliser plusieurs dessins et aquarelles tels qu’Une rue à Londres, belle page dans laquelle le peintre restitue l’agitation d’une des rues de la capitale. Sur une autre feuille, de petit format, Detaille s’intéresse à la figure d’un militaire anglais. Représenté de profil, coupé à la taille, le soldat porte un costume noir en stable jacket d’officier des hussards de l’armée britannique, brodé de brandebourgs ton sur ton. Coiffé d’un field cap, une calotte noire d’équitation retenue par une cordelette, l’homme blond aux yeux bleus regarde fièrement droit devant lui. Sa main droite, gantée, retient les rênes d’une monture absente. Au sommet de la page, le dessinateur a déchargé l’encre de sa plume, créant une tache hachurée aussi sombre que vibrante et masquant en partie les deux lettres de son monogramme ED. Cette masse noire, vraisemblablement assumée graphiquement par l’auteur, peut apparaître comme une représentation inconsciente de son état d’esprit, ou comme une projection de l’âme de son modèle. En France, le costume noir des hussards reste attaché au souvenir des hussards de la mort, un escadron créé pendant la Révolution et dont la devise était « Vivre libre ou mourir ». 

De retour à Paris, Detaille s’impose comme le rénovateur de la peinture militaire et reçoit de nombreuses commandes officielles sous la Troisième République. Ses toiles apparaîssent comme des reconstitutions rigoureuses des événements militaires passés et présents, alimentées par des recherches en archives et l’étude de pièces et de costumes authentiques.