Eugène DEVÉRIA (1805-1865)

Vendu

Daphnis et Chloé, vers 1821
Huile sur toile
33 × 25 cm 
Annoté à l’encre sur la traverse du châssis Eug. Devéria

Eugène Devéria a rédigé entre mai 1848 et janvier 1854 ses mémoires sous la forme d’un journal en sept volumes manuscrits. Il y parle de ses origines, de sa famille et de lui-même sans trop de concessions, se décrivant comme un enfant « bon à rien » au contraire de son grand frère Achille qui s’évertuait « à bien faire tout ce qu’il faisait ». Ce dernier, après s’être formé auprès du peintre Louis Lafitte, s’est chargé lui-même de l’initiation de son jeune frère, lui apprenant l’art de la vignette et de la composition. À l’École royale de peinture, Eugène fréquente l’atelier d’Anne Louis Girodet, un ancien élève de David, dont la dernière gloire fut l’exposition en 1819 de son Pygmalion et Galatée commandé par le comte Sommariva en 1812. Cette œuvre, dont les études et esquisses sont restées dans l’atelier du maître, inspire ses élèves à l’image de François Louis Dejuinne qui réalise en 1821 le Portrait de Girodet peignant « Pygmalion et Galatée »

À cette époque, Eugène Devéria qui n’a qu’une quinzaine d’années exécute une peinture de petit format sur le thème de Daphnis et Chloé dont la composition s’inspire fortement de celle du Pygmalion de Girodet. L’histoire d’amour de ces deux adolescents, confrontés à une multitude d’obstacles, puisée dans les Métamorphoses d’Ovide a servi de prétexte à de nombreuses peintures et sculptures à travers le temps. Chez Devéria, Chloé reprend en miroir la posture de la Galatée de Girodet tandis que le beau Daphnis partage les traits du mythique sculpteur en plus juvénile. Ce petit tableau de chevalet montre également l’influence des vignettes d’Achille Devéria produites en grand nombre pour les imprimeurs et éditeurs parisiens. Œuvre précoce, ce Daphnis et Chloé fait la synthèse du double enseignement reçu par Eugène, à la croisée de son frère et de son maître. 

Durant son adolescence, Eugène Devéria qui vit avec sa famille rue de l’Ouest à Paris, rencontre toute une génération d’artistes en devenir parmi lesquels, Louis Boulanger. En 1825, les deux amis partagent un atelier où Eugène commence à travailler sur le tableau qui deviendra son plus grand succès : La Naissance d’Henri IV. Cette grande toile à sujet historique, exposée au Salon de 1827, sera largement saluée par la critique.