Stéphanie de VIRIEU (1785-1873)

Jeune garçon lisant, portrait présumé de Jean Alphonse Aymon de Virieu (1826-1882), vers 1835
Lavis d’encre sur papier
12 × 9 cm
Provenance : descendance de Virieu

Stéphanie de Virieu, fille du marquis François Henri de Virieu, est née le 14 juillet 1785 à Saint-Mandé. Bien qu’encore très jeune en 1789, elle subit la période révolutionnaire. Le château familial de Pupetières, saccagé et en partie détruit par les flammes, devient inhabitable. La jeune fille, accompagnée de son frère Aymon, de sa sœur et de leur mère, entre dans une période d’errance qui la conduit en Suisse puis à Paris. En 1793, son père est tué durant le siège de Lyon et Stéphanie se réfugie dans la pratique du dessin tout en prenant des leçons auprès de deux anciens élèves de David. À la faveur des changements de régime, les Virieu retrouvent une certaine quiétude d’esprit et une relative aisance financière. Vers 1803, ils s’installent au château de Lemps à quelques kilomètres de leur château de Pupetières en ruine. Aymon, inscrit en pension au collège de Belley, se lie d’une amitié durable avec Alphonse de Lamartine. Le jeune poète, qui vient régulièrement faire des séjours chez les Virieu, s’attache à Stéphanie à qui il lit ses vers au fil de leur composition. Les années s’écoulent alors paisiblement au château de Lemps où Stéphanie poursuit ses activités artistiques loin des salons et du tumulte parisiens. 

Aymon de Virieu, chargé de missions diplomatiques en Italie puis au Brésil, se marie en 1822 avec Victoire de Méallet de Fargues. De cette union naît, en 1826, Jean Alphonse Aymon, filleul de Lamartine. La famille d’Aymon séjournant régulièrement au château de Lemps, les occasions ne manquent pas pour Stéphanie de représenter les enfants de son frère. Sur l’un de ses dessins au lavis d’encre brune, un jeune garçon de huit ou dix ans est assis à un bureau, plongé dans la lecture. Le modèle représenté de profil et habillé d’un costume sombre à col blanc doit être Alphonse. L’œuvre, d’une grande délicatesse et empreinte de tendresse, suggère que l’enfant sage ignore qu’on le dessine. 

À la mort prématurée d’Aymon en 1841, Stéphanie s’implique pleinement dans l’éducation de ses neveux. Quelques années plus tard, Alphonse devenu chef de famille et marquis de Virieu, entreprend la restauration du château de Pupetières, confiée au célèbre architecte Eugène ­Viollet-le-Duc. Stéphanie, qui n’a jamais cessé de peindre et de dessiner, s’occupe de certains des décors intérieurs. Devenue âgée et presque aveugle, celle qui toute sa vie resta mademoiselle de Virieu, s’installe en Gascogne à Poudenas chez des cousins avant de s’éteindre le 9 mai 1873 à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

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