Pierre Auguste PICHON (1805-1900)
Étude de drapé pour Les Saintes Femmes au tombeau,vers 1848
Mine graphite et estompe sur papier
22,4 × 36,1 cm
Légendé en bas à droite Les Saintes femmes/au tombeau
Vendu
Pierre Auguste Pichon, né en 1805 à Sorèze dans le Tarn, commence sa formation à l’école des beaux-arts de Toulouse comme élève du peintre Joseph Roques. À la fin des années 1820, Roques conseille au jeune peintre de poursuivre son apprentissage à Paris auprès de Jean Auguste Dominique Ingres qui a ouvert, à la fin de l’année 1825, son atelier. Il y fait la connaissance de Henri Lehmann, des frères Balze et Flandrin, de Théodore Chassériau et d’Amaury-Duval. Au départ de son maître qui vient d’accepter le poste de directeur de la Villa Médicis en 1834, Pichon, contrairement à certains de ses amis d’atelier, ne peut le suivre à Rome. Malgré ses participations au salon de Toulouse et deux petits envois à celui de Douai en 1833, la carrière du peintre ne débute vraiment qu’en 1835 lorsqu’il expose une série de portraits au Salon parisien. À son retour d’Italie en 1841, Ingres, qui estime grandement le talent de Pichon, fait appel à lui pour le seconder dans l’exécution de plusieurs commandes. Il lui demande aussi, après la mort tragique du jeune Ferdinand Philippe duc d’Orléans en 1842, d’exécuter les répliques du portrait qu’il a fait du prince et que la famille royale lui a commandées. Il l’associe également à différents projets de décors pour le château de Dampierre ou l’hôtel de ville de Paris.
En parallèle de son rôle de « premier assistant », Auguste Pichon poursuit son activité de portraitiste et reçoit des commandes officielles pour des toiles religieuses destinées à des églises parisiennes (Saint-Sulpice, Saint-Eustache, Saint-Séverin). En 1847, le roi Louis-Philippe lui confie la réalisation d’un Saint Judicaël pour l’église du château de Carheil, propriété de son fils, le prince de Joinville. L’année suivante, le peintre expose au Salon une toile de grande taille : Les Saintes Femmes au tombeau. Sur le modèle de son maître, Pichon, comme pour chacune de ses œuvres, réalise un grand nombre d’études préparatoires en détaillant sur le papier chaque figure, chaque costume et le moindre élément du décor. Sur l’un de ces dessins, l’artiste trace avec minutie le drapé du suaire retombant à l’extérieur du tombeau. D’une mine aiguisée, Pichon tire sur la feuille la ligne droite suggérant le bord du bloc de pierre. Rompant en son centre l’horizontale, il restitue les plissements du drapé grâce à un savant jeu de hachures et d’estompe. La virtuosité technique de cette étude rappelle l’art du trompe-l’œil et évoque certaines des plus belles feuilles de la Renaissance.
Les Saintes Femmes au tombeau ne rencontre pas le succès attendu par l’artiste, qui conserve la toile jusqu’en 1873, date à laquelle il l’expose une nouvelle fois au Salon sous le titre de La Résurrection. Cette fois, l’État achète la peinture qui est déposée dans le presbytère de l’église Saint-Pierre de Freigné dans la commune de Vallons-de-l’Erdre où, malgré son mauvais état, elle se trouve toujours aujourd’hui.