Louis BOULANGER (1806-1867)

Rochers dans la forêt, vers 1845
Encre brune sur papier
39,8 × 25,3 cm
Signé en bas à droite Louis B

Louis Boulanger, que Victor Hugo appelle « mon peintre », est l’une des figures incontournables du mouvement romantique. Peintre, illustrateur, décorateur, passionné de théâtre et de musique, il nous a laissé des œuvres aujourd’hui indissociables de la vision que nous conservons de la scène artistique parisienne dans la première moitié du xixe siècle. Né en 1806, Louis Boulanger entre à l’âge de quinze ans à l’École des beaux-arts de Paris. Inscrit dans l’atelier de Guillaume Guillon-Lethière, il ne s’essaye qu’une seule fois, en 1824, au concours du prix de Rome. Très tôt lié aux frères Devéria, il est au cœur de la génération romantique. La critique salue son Supplice de Mazeppa exposé au fameux Salon de 1827 dont il partage les cimaises avec La Naissance d’Henri IV d’Eugène Devéria et La Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix. Louis Boulanger apparaît alors comme l’un des grands espoirs de la nouvelle peinture française, mais ses participations aux Salons suivants ne devaient pas rencontrer pareil succès. Comme illustrateur, il collabore avec Victor Hugo et Alexandre Dumas, ses amis, tout en travaillant à différents projets de décors et de costumes pour le théâtre.

Inlassable dessinateur, Louis Boulanger noircit les pages au gré des études de composition et durant ses voyages. Pour ses esquisses et ses recherches, la plume est une de ses techniques de prédilection. Contrairement à l’aquarelle, qu’il réserve le plus souvent pour des œuvres abouties, l’encre lui autorise une complète spontanéité. Une feuille de grand format, représentant l’entrée d’une grotte au pied d’une montagne, témoigne de sa maîtrise. Tracé d’un geste sûr et rapide, l’amoncellement de rochers à droite suit la diagonale de la page dominée à gauche par une végétation de lourdes branches retombantes. Boulanger, à la manière d’un graveur, éclaire la composition en ménageant de larges espaces de réserve et la creuse dans l’ombre, sans aplats, grâce à un réseau de hachures qui, resserré à l’extrême, délimite l’entrée de la grotte. Aux lignes brisées et saillantes qui lui permettent d’exprimer la minéralité du décor, l’artiste oppose la fluidité courbe du végétal. L’œuvre évoque, tant par le choix du sujet que par la technique employée, certains dessins des maîtres du passé à l’image des plus belles feuilles de Salvatore Rosa. Difficilement datable, ce dessin peut être rapproché de certaines études de Boulanger illustrant la retraite de Marie Madeleine devant sa grotte dans le massif de la Sainte-Baume. 

Malgré les succès éclatants de sa jeunesse, Louis Boulanger ne parvient pas à obtenir la reconnaissance et la notoriété dues à son talent. Quittant Paris, il accepte le poste de directeur de l’École impériale des beaux-arts de Dijon, ainsi que celui de directeur du musée des beaux-arts de la ville, assurant cette double fonction jusqu’à sa mort en 1867.

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