Félix Joseph BARRIAS (1822-1907)
Horatii Cymba, 1854
Encre, mine graphite et gouache blanche sur papier
12,4 × 24,5 cm à vue
Signé et daté à droite sur la proue du bateau f. barrias 1854
Œuvre en rapport : frontispice de l’ode i du « liber tertius » de Quinti Horatii Flacci Opera, cum novo commentario ad modum Johanni, Paris, ex typographia Firminorum Didot, 1855, n. p.
Vendu
Horace, de son nom latin Quintus Horatius Flaccus, est un poète né en 65 avant notre ère dans le sud de l’Italie. Contemporain de Virgile, cet auteur majeur de l’Antiquité reçoit très tôt la protection de Caius Maecenas, dit Mécène. Ce dernier, riche confident de l’empereur, consacre l’essentiel de sa fortune à la protection des arts au point de donner son nom à tous ceux qui soutiendront financièrement les artistes. Lorsque Horace compose son troisième recueil, les Odes (Carmina en latin), il dédicace les cent trois poèmes qui les composent à son généreux donateur. Maintes fois recopiées et publiées depuis l’Antiquité, les œuvres d’Horace sont encore un grand succès d’édition lorsque Ambroise Firmin Didot décide d’en faire paraître une nouvelle version en 1855. Le célèbre éditeur souhaite alors orner l’ouvrage d’illustrations et fait appel au peintre Félix Barrias.
Lauréat du prix de Rome de peinture en 1844, Félix Barrias vient alors de passer cinq années en Italie pour étudier les maîtres. Sa toile Les Exilés de Tibère, exposée dès son retour au Salon de 1850, lui assure un succès tant public que critique et lui vaut ses premières commandes officielles. Passionné par l’histoire antique dans laquelle il puise la plupart de ses sujets, le peintre accepte la proposition de l’éditeur et réalise le frontispice ainsi que onze dessins et aquarelles de petit format propre à orner la première page de chaque partie de l’ouvrage. Pour l’en-tête du troisième livre, Barrias place Horace sur un bateau, allongé sous un voile tendu qui le protège du soleil ; il est représenté entouré de trois femmes qui jouent de la musique pour le distraire et d’une quatrième qui l’évente à l’aide d’une feuille. Cinq hommes tiennent les rames et font progresser l’embarcation qui s’éloigne du rivage tandis qu’un sixième debout à la proue guette l’horizon. Au loin, un panache blanc s’échappe d’un volcan. La composition évoque l’iconographie traditionnelle pour le dernier voyage de Virgile et rappelle celle de sa toile du Salon de 1850, sur laquelle le tyran Tibère se tient debout sur une barque qui, comme ici, occupe toute la largeur de l’image.
Quelques années plus tard, en 1858, Ambroise Firmin Didot demandera une nouvelle série de dessins à Barrias pour illustrer sur le même principe les œuvres de Virgile. Pendant la construction du nouvel Opéra de Paris, l’architecte Charles Garnier fait appel à Barrias pour réaliser les décors du salon ouest du foyer.