Émile Antoine BOURDELLE (1861-1929)

Vendu

Léda et le Cygne, vers 1914-1925
Aquarelle et encre sur papier
20,2 × 15,5 cm
Signé en bas à gauche Émile Antoine Bourdelle

Vendu

Émile Bourdelle, fils d’un ébéniste montalbanais, se forme à l’académie des beaux-arts de Toulouse avant d’intégrer l’atelier d’Alexandre Falguière à Paris. Pour vivre, il fournit des dessins à la maison Goupil et travaille pour Théo van Gogh, le frère de Vincent, avant d’entrer comme praticien dans l’atelier du sculpteur Auguste Rodin en 1893. À cette époque, Bourdelle se fait un nom comme peintre et portraitiste en participant au Salon de la Société nationale des beaux-arts. Son talent de sculpteur lui fait remporter, en 1895, un concours organisé par sa ville natale pour un monument en hommage aux morts de la guerre de 1870. Sa proposition radicale suscite la controverse et n’aboutira que grâce à l’intervention de son ami Rodin. En 1900, Gabriel Thomas, important promoteur parisien, fait appel à lui pour la réalisation d’un grand bas-relief devant orner le dessus de scène du théâtre du musée Grévin. À partir de cette époque, Bourdelle connaît une notoriété grandissante et développe son style en s’éloignant de celui de Rodin pour qui il continue cependant de travailler jusqu’en 1908. Son monumental Héraklès archer, présenté au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1910, lui apporte enfin la consécration. 

Cette année-là, Gabriel Thomas sollicite une nouvelle fois le sculpteur pour un projet ambitieux. L’homme d’affaires qui vient de lancer la construction d’un nouveau théâtre sur l’avenue Montaigne près des Champs-Élysées demande à Bourdelle d’en concevoir la façade et les décors intérieurs. Fasciné par la danse et la mythologie, l’artiste conçoit un programme iconographique mêlant ces deux inspirations et réalise un ensemble composé de bas-reliefs complété à l’étage par un cycle de fresques. Au nombre de sept, ces peintures, installées dans le lobby du Théâtre des Champs-Élysées, sont tracées par Bourdelle à même le béton frais. Inspirées des Métamorphoses d’Ovide, elles illustrent les figures d’Éros, Icare, Persée, Orphée, Diane, Centaure et Léda. Cette dernière, traditionnellement associée à Zeus ayant pris l’apparence d’un cygne pour la séduire, apparaît sur un grand nombre d’études de Bourdelle au crayon et à l’aquarelle. D’abord destinées à la composition de la fresque, ces représentations de Léda deviennent avec le temps le sujet d’œuvres autonomes. Entre 1914 et 1925, l’artiste décline le thème sur près d’une cinquantaine d’aquarelles que l’on ne peut qualifier d’études. L’une d’elles présente la jeune fille au corps doré ne faisant qu’un avec l’animal à la blancheur immaculée. Le groupe se détache, tel le motif central d’une métope polychrome de l’Antiquité, sur un fond bleu qui évoque à la fois le ciel et l’eau. 

En 1974, la fille de l’artiste, Rhodia Dufet-Bourdelle, supervise l’édition d’un recueil réunissant quarante aquarelles sur le thème de Léda. Dans l’ouvrage la reproduction des œuvres de Bourdelle est associée au texte érotique de Pierre Louÿs, Léda ou la Louange des bienheureuses ténèbres, publié pour la première fois en 1898.