Élisa Honorine CHAMPIN, née PITET (vers 1811-1871)

Nature morte à la corbeille de fruits, vers 1840-1850
Lavis d’encre brune et mine graphite sur papier
11,3 × 15,5 cm
Signé en bas à gauche Mme E. Champin

Élisa Honorine Pitet, fille de l’imprimeur parisien Auguste Toussaint Pitet, développe très tôt un intérêt pour les arts. Inscrite à l’École royale spéciale et gratuite de dessin pour les jeunes personnes, elle reçoit également les conseils de la peintre et illustratrice Adèle Riché qui lui fait partager sa passion pour la botanique et la peinture de fleurs. Sur ses conseils, la jeune Élisa, fréquente avec assiduité le jardin des plantes de Paris où elle étudie sur le motif. Ses maîtres à l’École de dessin récompensent son talent par plusieurs prix d’encouragement en 1819, 1820 et 1823. Sous le nom de Mlle Pitet, elle fait ses débuts au Salon de 1833 en exposant des aquarelles de fleurs et de fruits. 

Vers 1835, elle rencontre le peintre Jean-Jacques Champin, veuf depuis peu et père de trois enfants. Les deux artistes s’attachent l’un à l’autre et se marient le 12 janvier 1837. Dès lors Élisa signe ses œuvres « Madame E. Champin » et expose sous ce nom au Salon. De leur union naîtra une fille, Marie-Claire en 1838. Sa manière, jusque-là très naturaliste, évolue vers plus de spontanéité au contact des œuvres de son époux. Ce changement stylistique se perçoit aisément dans une composition de petit format représentant une corbeille de fleurs et de fruits. Tracé d’un premier geste rapide au crayon, l’agencement se matérialise sous les coups de pinceau chargés d’encre brune plus ou moins diluée. Ici, le regard scientifique de la botaniste laisse place à l’impression d’ensemble de l’artiste romantique. La corbeille d’osier tressé, posée sur un entablement de pierre, regorge de fruits et de feuillages difficilement identifiables. En l’absence de la mention au crayon « Mme E » qui précède le nom de « Champin » il eût été impossible de différencier ce dessin d’Élisa de ceux de son mari. 

Le couple est régulièrement reçu par le duc et la duchesse de Trévise dans leur domaine de Sceaux à l’emplacement de l’ancien château détruit au début du siècle. Lors de leurs nombreux séjours, ils profitent du parc pour dessiner ensemble, lui les paysages des alentours, elle des fleurs et des fruits. Les mentions sur leurs œuvres respectives permettent de suivre leurs déplacements dans la région parisienne au gré du développement des chemins de fer. On les retrouve à Fontenay-aux-Roses, Bagneux, Le Plessis-Robinson, Meudon, Étampes mais également dans la vallée de Chevreuse. Au début des années 1850, Élisa participe avec une dizaine d’artistes à la réalisation des planches lithographiées pour les catalogues de la société grainière Vilmorin-Andrieux entre 1851 et 1861. Survivant onze ans à son mari, elle décède à l’âge soixante ans en 1871 à Sceaux.

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