Désiré Joseph Louis OURY (1867-1940)

Autoportrait, vers 1896
Pierre noire et encre de chine sur papier
49,5 × 32 cm
Provenance : famille de l’artiste puis collection particulière
Publication : Louis Oury, 1867-1940. « La boîte à couleurs », l’art, l’humour et l’esprit [exposition : musée Marcel-Lenoir, château de Montricoux du 18 mai au 1er octobre 2013 ], Montauban, Éd. du musée Marcel-Lenoir, 2013, reproduit page 90

Louis Oury, né à Montauban en 1867, est le fils d’un orfèvre originaire de Rennes et l’aîné d’une fratrie de quatre enfants. Très jeune il se forme au dessin et à la gravure dans l’atelier paternel avant de tenter sa chance à Paris en 1887. Rapidement rejoint par son jeune frère Jules (dit ­Marcel-Lenoir), il poursuit sa formation durant deux années à l’académie ­Julian auprès du sculpteur Henri Chapu et devient membre du Salon des artistes français. Après deux années, Louis décide de rentrer dans son Sud-Ouest natal pour s’inscrire à l’école des beaux-arts de Toulouse. À cette époque de sa vie, il présente ses créations dans la boutique de son père, place Nationale à Montauban, et participe à plusieurs expositions locales. De nouveau à Paris en 1893, il est admis à l’École nationale des beaux-arts dans la section sculpture et expose des bustes en bronze et en plâtre au Salon. En parallèle de ses activités de sculpteur, Louis Oury produit un grand nombre de dessins pour différents éditeurs. Dès 1894, il illustre La Vie au café-concert, d’Éloi Ouvrard, dont il réalise également la couverture, puis commence une carrière d’affichiste. En 1896, les deux frères Oury collaborent à la revue Au Quartier Latin en fournissant respectivement une planche titrée La Charité pour Louis et Le Quartier pour Marcel-Lenoir ; l’œuvre de l’un étant réciproquement dédicacée à l’autre. 

Un étrange autoportrait de Louis, sur lequel il paraît avoir une trentaine d’années, date incontestablement de ces années parisiennes. L’artiste s’y représente en costume noir, fumant une cigarette d’où s’échappent des volutes de fumée, et tenant sous le bras un immense porte-mine. Assis sur « un tas » de personnages aux traits allant du grotesque au monstrueux, il nous regarde avec un mélange de malice et de fierté. L’ensemble, d’assez grand format, est énergiquement tracé à la pierre noire, puis relevé d’encre de Chine. Les figures hurlantes et « vomissantes », sur lesquelles il s’est installé, évoquent les caricatures qui fleurissent en cette fin de siècle sur les premières pages des journaux satiriques, à l’image de celle du jeune František Kupka pour L’Assiette au beurre

Louis Oury connaît l’un de ses plus grands succès avec l’exposition de son Portrait du duc de Reichstadt, un buste en plâtre polychrome exposé au Salon de 1899. L’œuvre sera éditée durablement en de nombreux exemplaires sous le titre de L’Aiglon en référence à la pièce d’Edmond Rostand. Ayant quitté Paris avec son épouse, l’artiste partage sa vie entre Bruxelles, Biarritz et son atelier toulousain. Malgré la richesse de sa production et plus de cinquante années de carrière, Louis Oury conserve aujourd’hui une reconnaissance locale dans sa région d’origine. Le musée Marcel-Lenoir à Montricoux – consacré à l’œuvre de son frère cadet – lui a dédié une exposition rétrospective accompagnée d’un catalogue en 2013.

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