Pierre-Victor GALLAND (1822-1892)

L’Enfant à la Grappe, vers 1886
Huile sur toile
92 × 71 cm
Signé et dédicacé en bas à gauche pv galland / a jeanne gounod / aujourd’hui madame / de lassus 
Daté en bas à droite 24 mars 1886
Provenance : descendance famille de Lassus

Œuvre présentée au musée des Avelines de Saint-Cloud pour l’exposition « Charles Gounod et les Beaux-Arts. La constellation artistique d’un musicien » du 20 octobre 2023 au 18 février 2024

Acquisition par le musée des Avelines, Saint-Cloud

Né à Genève en 1822, Pierre-Victor Galland étudie avec son père orfèvre et reçoit les conseils de son oncle maternel, Jean-Baptiste Fossin, joaillier du roi. Par la suite, il entame des études d’architecture auprès d’Henri Labrouste avant de rejoindre l’atelier du peintre Michel-Martin Drolling. De 1843 à 1848, Galland travaille au service de Pierre-Luc-Charles ­Ciceri, directeur des décors de l’Opéra, pour lequel il peint des ornements en trompe l’œil, des fleurs et des guirlandes de fruits. À partir des années 1850, Pierre-Victor Galland reçoit de nombreuses commandes de décors pour des bâtiments privés ou publics avant d’accepter le poste de professeur d’art décoratif à l’École des beaux-arts de Paris en 1873, puis celui de directeur artistique à la manufacture des Gobelins quatre ans plus tard. 

Son talent largement reconnu lui ouvre les portes de la bonne société artistique parisienne. En 1880, sa fille Alice épouse Jean Gounod, le fils du célèbre compositeur. Par cette alliance, les Galland rejoignent plusieurs familles d’artistes, dont les Gounod mais également les Dubufe, véritable dynastie de peintres, et les Zimmermann, descendants du célèbre pianiste romantique. Durant la première moitié des années 1880, Galland réalise plusieurs décors pour la salle à manger des Gounod à Saint-Cloud dont deux trumeaux de cheminée, sur les thèmes de l’enfance de Pan et de l’enfance de Bacchus. 

En 1886, le 25 mars, la fille de Charles Gounod, Jeanne, se marie avec le baron Pierre de Lassus Saint-Geniès à l’église Saint-François-de-Sales dans le XVIIe arrondissement de ­Paris. La cérémonie défraie la chronique et fait « les choux gras » de la presse les jours suivants. Les journalistes insistent sur les événements qui précèdent le serment et durant lesquels les familles Gounod et Lassus s’opposent brutalement au clergé sur le choix du chanteur. L’article du journal Le Gaulois se conclut sur une note plus heureuse en reprenant la liste des cadeaux offerts aux jeunes mariés. Parmi eux, le présent de Mme Galland est décrit comme « un très beau tableau, ­l’Enfant à la grappe». Cette toile peinte par le père de la mariée représente un enfant assis jouant de la flûte sous des pampres de vigne tandis qu’à l’arrière-plan, sur fond de paysage, un putto tire à l’arc. La dédicace, qui insiste sur le changement de patronyme de la destinataire, est datée du 24 mars, soit la veille du jour de la cérémonie. De forme ovale, l’œuvre s’insère dans une feuillure en bois peinte de branchages sur fond d’or et devait être destinée, comme pour les deux peintures de Saint-Cloud, à s’intégrer dans une boiserie. Le thème semble vouloir mêler la figure de Bacchus associée à la vigne et celle de Pan évoquée par la flûte en un seul et même personnage. Le couple Gounod-Lassus s’installera près de ­Toulouse dans le château familial de Saint-Geniès Bellevue où l’œuvre ornera l’une des cheminées jusqu’aux années 1950.