La Mort de Hourdequin, vers 1889
Huile sur panneau
34,6 × 28,6 cm
Signé en incise en bas à gauche G. Rochegrosse
Œuvre préparatoire à la photogravure publiée dans La Terre d’ Émile Zola (Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1889)
Exposition : « Georges-Antoine Rochegrosse. Les fastes de la décadence » à Moulins, musée départemental Anne-de-Beaujeu, du 29 juin 2013 au 5 janvier 2014. Reproduit dans le catalogue (Paris, Mare & Martin, 2013), no 80, p. 153
Vendu
Georges-Antoine Rochegrosse, natif de Versailles, devient orphelin de père à quatorze ans. Dès l’année suivante, sa mère épouse en secondes noces le poète Théodore de Banville par l’intermédiaire duquel le jeune homme rencontre les meilleurs écrivains de son temps : Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud, Victor Hugo et Gustave Flaubert. Après avoir reçu quelques leçons du peintre orientaliste Alfred Dehodencq, Rochegrosse entre en 1871 à l’académie Julian dans les ateliers de Jules Lefebvre et Gustave Boulanger puis achève ses études à l’École des beaux-arts de Paris où il concourt par deux fois au prix de Rome, sans succès. Pour son premier Salon en 1882, il expose une toile de grand format au sujet historique Vitellius traîné dans les rues de Rome par la populace. Il s’essaye également au symbolisme et accepte plusieurs commandes d’éditeurs pour des illustrations.
En 1889, Charles Marpon et Ernest Flammarion font appel à Rochegrosse et aux peintres Ernest-Ange Duez et Auguste Gérardin pour illustrer un roman d’Émile Zola. La Terre, dont la première publication a eu lieu deux ans plus tôt, est le quinzième volume de la série des Rougon-Macquart. Sans doute l’une des œuvres les plus violentes de Zola, ce roman dresse un portrait terrifiant du monde paysan de la fin du xixe siècle. À cette époque, les éditeurs peuvent se passer de l’intervention des graveurs pour traduire les compositions des peintres en utilisant l’héliogravure. Ce procédé permet le transfert direct d’une image sur une plaque de cuivre grâce à une gélatine photosensible. Rochegrosse fournit donc des peintures en grisaille à l’image de celle devant illustrer le passage sur la mort d’Alexandre Hourdequin d’une chute provoquée par l’un de ses valets. Dans l’ouvrage la composition est légendée « Hourdequin était au fond, mort, les reins cassés à l’angle d’une marche ». Le peintre représente la victime allongée, les yeux ouverts, en bas d’un escalier menant à une cave. L’utilisation contrainte du noir et du blanc lui permet de mettre en avant certains détails, tels que l’arête des marches et le visage du mort. Le motif de l’escalier, associé au sort funeste de ses personnages, est une récurrence dans l’œuvre du peintre. Présent dans son Vitellius de 1882, on le retrouve également dans son Andromaque du Salon de 1883.
Quatre ans après les illustrations de La Terre, c’est un nouveau projet d’édition, Salammbô de Gustave Flaubert, qui guide ses pas vers l’Algérie. Là, il se tourne vers l’orientalisme et rencontre Marie Leblon, sa future épouse, avec qui il s’installe définitivement près d’Alger.