Jean-Pierre DANTAN, dit DANTAN JEUNE (1800-1869)

Portrait en buste de Victor Hugo, vers 1832
Plâtre à patine bronze
21,5 × 11,4 × 11 cm
Titré vtor hugo, signé et daté sur le côté Dantan / 183[?]

Jean-Pierre Dantan, dit Dantan jeune, étudie avec son frère aîné, Antoine-Laurent, dans l’atelier paternel de sculpture sur bois. À vingt-deux ans, il entre à l’École des beaux-arts et prend pour maître le sculpteur François-Joseph Bosio. Dantan jeune fait ses débuts au Salon de 1827 en présentant une série de bustes dont celui d’Esprit Noir, un Indien Osage originaire du Missouri arrivé en France cette année-là avec le colonel David Delaunay. L’année précédente, le jeune sculpteur avait entrepris une série d’œuvres bien moins sérieuses qui feront sa célébrité. Sous forme de petites sculptures en plâtre blanc ou patiné, Dantan propose des portraits-charges de ses contemporains. Représentés de manière caricaturale, ses modèles sont le plus souvent identifiables par le jeu d’un rébus placé sur la base. Les hommes politiques, les artistes, peintres, musiciens, architectes, mais également les personnalités littéraires de son temps sont les aimables victimes non consentantes de ses figurines qui font rire tout Paris. Installé passage des Panoramas, l’espace où il commercialise ses œuvres prend le nom de « musée Dantan ». 

En 1832, Victor Hugo, bien que tout juste âgé de trente ans, est déjà une célébrité nationale. Sa pièce Cromwell, publiée cinq ans plus tôt, avait fait scandale avant que son roman Notre-Dame de Paris connaisse un immense succès populaire dès sa sortie en 1831. Dantan décide alors de réaliser deux sculptures du poète aux dimensions approchantes. La première est une charge s’amusant du front démesurément haut, du nez fin et de la bouche pincée de l’écrivain. Sur son socle, en léger relief, le dessin d’une hache suivi des lettres U et G associées à deux os croisés ne font aucun mystère sur l’identité du modèle. La seconde est un buste plus traditionnel. Le jeune écrivain y apparaît avec un visage serein et presque souriant, les épaules tronquées et le torse dénudé à l’antique. En lieu et place du rébus, l’auteur titre son œuvre « vtor hugo ». À n’en pas douter, le sculpteur dut avoir l’espièglerie d’exposer ses deux modèles l’un près de l’autre dans sa vitrine, laissant le choix à ses visiteurs d’acheter l’hommage ou de préférer la plaisanterie. 

Au début de l’année 1833, Dantan fait paraître chez l’imprimeur Delaunois les premières planches de son Dantanorama, version lithographiée en noir de ses meilleures caricatures sculptées. Faisant suite au succès d’une première parution de six planches le 5 janvier, un deuxième envoi de cinq nouvelles images est diffusé le 2 mars. La neuvième de ces charges reprend le buste humoristique de Victor Hugo confronté sur la même page à celui d’Alexandre Dumas. Les deux gravures seront republiées ensemble dans le très populaire journal satirique, Le Charivari, en 1835.

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